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Jean LARRIAGA


Ils inventèrent l’été


On est à Lyon en 1731, au mois d'août. La canicule et une épidémie frappent gens et bêtes.
Luce apprend au lavoir la mort d’un nourrisson chez la nourrice où elle fait élever ses deux enfants, à la campagne. Elle veut s'y rendre immédiatement. Mais au même moment, son mari, Jean-François Thierry, maréchal-ferrant et forgeron, est en train de vivre un grand honneur, il est élu syndic de sa corporation et fête dignement l'événement.
« Jean-François ne savait plus très bien si c'était son ambition de ferronner les portes et fenêtres des notables plutôt que les sabots de leurs chevaux ou bien sa volonté de défendre les droits menacés de sa confrérie qui lui avait valu autant de suffrages mais c'était ça qu'on fêtait. »
C'est donc ivre mort que Luce emmène son mari dans leur charrette pour rechercher leurs enfants.

C'est ainsi que les Thierry, leur jeune apprenti et leurs deux enfants vont descendre jusqu'à la mer et y vivre une parenthèse enchantée !
« En contrebas, la mer, la crique, leur sautaient aux yeux ainsi qu'autour, les contreforts, et à gauche, la pente sablonneuse, chemin de pêcheurs par lequel descendaient l'apprenti et son cheval, doucement, et tout au fond, dessinées, les silhouettes des Thierry allongés sur le sable. De cette hauteur, les corps des fuyards étaient nus ou si peu couverts  que nus. Les poses défiaient l’indécence. Les peaux exhibées se moquaient du soleil et, comble d'insolence, elles n'étaient plus si blanches que cela. »

Le point de vue narratif est amusant. Tout le long de leur périple, les Thierry sont poursuivis par des collègues jaloux de la promotion de Jean-François et un narrateur extérieur nous raconte les tribulations des uns et des autres mais petit à petit c'est la lorgnette des poursuivants qui va commenter l'invraisemblable comportement de cette famille surtout quand elle se prélasse innocemment au bord de la mer !

« Collé à sa lunette, il attendit. […] Luce ressortit toute trempée du bain, les restes de sa robe plaqués sur ses formes. Faite comme il n'aurait jamais pu l'imaginer. De face, le soleil l'obligeait à cligner les paupières. Elle venait, sereine, releva la tête au ciel ; de peur ou d'amour, ou les deux, il recula. »

Un roman plaisant, très renseigné sur la période, la vie quotidienne entièrement sous la coupe de l'église ainsi que les diverses corporations d'artisans, les mentalités de l'époque et les rencontres possibles sur les routes si peu fréquentées ou qui viennent juste d'être créées pour le courrier du roi et où l'aventure est à chaque tournant ! Mais "les braves gens n’aiment pas que l'on suive une autre route qu’eux !"

Sylvie Lansade 
(25/07/17)    



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L'Harmattan

264 pages - 22 €









Jean Larriaga,
né en 1945, écrivain, auteur pour le théâtre et la radio, réalisateur au cinéma et et à la télévision, est décédé le 25 décembre 2016.


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