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Stanislawa DOMAGALSKA


Comment j’ai adopté mon grand-père


Les journées d’un garçon de huit ans qui reste seul pendant l’été alors que les copains sont partis en vacances pourraient être un peu sinistres, surtout quand ses parents, en plus, se disputent et s’orientent vers un divorce. Un voisin âgé, personnage haut en couleur, va pourtant transformer la vie de Grégory et faire de ses journées de vacances un moment de bonheur aussi inattendu que surprenant.

Le roman commence avec l’anniversaire de Grégory qui fête ses huit ans devant un gâteau à la framboise nappé de crème chantilly sur lequel les bougies ont du mal à rester droites. Un seul invité, Philippe Pigeon, un garçon instable et violent, toujours en train de mimer des scènes de guerre. Difficile de jouer avec lui et de le considérer vraiment comme un copain. Au fil des chapitres, on comprendra mieux pourquoi Philippe est aussi perturbé.

Le père de Grégory rentre de plus en plus tard et n’est jamais disponible. Il quitte l’anniversaire très vite. 
« Papa a fermé la porte de son bureau, mais je l’entendais se disputer avec Maman.
– N’essaie pas de me retenir. J’ai ma vie, tu as la tienne. C’est comme ça. Tant pis ! Il y a une fin à tout. Avec les sentiments, c’est pareil. Pas la peine d’en faire un drame. »
Grégory reste seul avec sa mère. « Je suis allé voir Maman. Elle était seule et triste, encore plus triste que moi sans doute, car mes larmes avaient déjà séché alors que les siennes coulaient toujours. »

Après ce début plutôt tristounet, la porte s’ouvre et le roman bascule dans une joyeuse folie qui rend le sourire à Grégory et va réjouir les lecteurs jusqu’à la dernière page.
C’est le voisin du dessus qui s’est trompé d’étage et entre là, très étonné d’y trouver Grégory et sa mère. « Vraiment bizarre ! Si je ne m’abuse, la dernière fois que je suis sorti de chez moi, je n’ai laissé personne à l’intérieur. » Le vieil homme, Melchior Omelan, est accompagné par son chien, Melon, qui profite de la surprise pour se glisser discrètement jusqu’à la salle à manger et dévorer le reste du gâteau d’anniversaire.

Après cette première rencontre peu ordinaire, une relation pleine d’affection et de gaieté s’instaure entre Melchior et Grégory. Le vieil homme est un personnage extravagant toujours prêt à raconter des histoires et inventer des jeux. De chapitre en chapitre, ils vont faire connaissance et visiter la ville, chaque journée devenant le théâtre d’aventures aussi drôles que surprenantes, comme le jour où ils suivent dans les rues un chameau échappé du zoo.

Ce texte publié en Pologne en 1975 a un ton gentiment désuet et poétique, émaillé d’un humour décalé, flirtant avec l’absurde, quand l’imaginaire égaye le réel, fait apparaître des animaux sauvages au plafond, de la dinde rôtie ou des crocodiles grillés à la place des épinards et des dinosaures dans les tuyaux du chauffage central. La solitude de Grégory est vite peuplée de rêves et de magie grâce à ce grand-père tendre et farfelu tout de suite adopté par le narrateur pour le plus grand plaisir des lecteurs.

Serge Cabrol 
(30/11/18)    



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Jeunesse







La joie de lire

144 pages - 10,90 €


Traduit du polonais par
Lydia Waleryszak