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Marie DORLÉANS


Nous avons rendez-vous


Ce qui frappe tout de suite quand on ouvre ce grand album c’est le bleu foncé qui domine sur toutes les pages. Bleu nuit plus exactement, puisque cette histoire se déroule par une belle nuit d’été. La nuit n’est pas noire, il y a toujours ici ou là un peu de lumière, ne serait-ce que celle des étoiles, et puis le regard s’habitue…

Dès les premières pages, deux enfants sont réveillés en pleine nuit par leur mère qui leur chuchote « nous avons rendez-vous ». Où ? Avec qui ? On ne le saura qu’à la fin du livre…

Tandis que les enfants s’habillent, la nuit n’est éclairée que par l’entrebâillement de la porte puis les lampes de chevet. Le principe du livre est tout de suite saisi, chaque double page fonctionne comme un tableau bleu nuit dont tous les éléments ne sont révélés que par une faible lueur, suffisante cependant pour faire apparaitre tous les détails dessinés finement à l’encre noire sur une palette de bleus. Le résultat est à la fois beau et surprenant.

Les enfants, accompagnés par leurs parents, vont sortir dans la nuit, traverser le village endormi, passer devant le grand hôtel qui « n’a pas du tout sommeil et brille comme un lustre de bal, tandis que la dernière maison n’a plus qu’un œil ouvert ».

L’attitude tranquille des parents rassure vite le lecteur, on n’est pas dans un livre qui fait peur mais qui, au contraire, montre la nuit dans sa quiétude et sa beauté, avec l’odeur de l’herbe et le chant des sauterelles, le parfum du sous-bois et le bruissement des feuilles.

À chaque double page son éclairage : les lampadaires du village, les fenêtres de l’hôtel, le faisceau de la lampe de poche, les phares d’un train qui franchit le viaduc…

Puis c’est l’arrivée dans la forêt, avec seulement la clarté des étoiles et le reflet de la lune sur l’étang.

Après une dernière montée, la famille s’installe confortablement dans l’herbe, face à l’Est, et attend tranquillement que le spectacle commence… C’est à la dernière double page que l’on comprend quel était le but de cette promenade nocturne et de quelle nature était ce rendez-vous.

Voilà un superbe album à lire, relire et feuilleter de nombreuses fois pour en apprécier pleinement la beauté et découvrir tous les détails (un chien, un blaireau, des souris ou la tête d’un cerf) tapis dans le décor.

La nuit n’est pas que peur et menace, elle peut aussi être belle et calme, et les enfants garderont certainement un très beau souvenir de cette inhabituelle balade grâce à la présence rassurante des parents dans une nature apaisée et accueillante.

Serge Cabrol 
(24/10/18)    



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Jeunesse







Seuil Jeunesse

(Septembre 2018)
Format 23 x 35 cm
40 pages - 14,50 €


Texte et illustrations
Marie Dorléans










Marie Dorléans,
diplômée des Arts décoratifs de Strasbourg,
a écrit et/ou illustré de nombreux livres jeunesse chez divers éditeurs.