Dans le métro bruxellois, Ludovic Flamant observe les passagers avec humour et tendresse.
Elle a mis du rouge à lèvres trois fois
Ses lèvres sont parfaites
Mais cela ne change rien
À l'écart de ses dents.
Elle n'ose pas sourire.

Il observe et imagine une vie à ces passagers.
Elle a les cheveux filasse
comme la paille de son pays.
Qui pourrait dire ici
au beau milieu de la ville
et des portables qui sonnent
qu'un jour elle a manié la faux
et porté des ballots ?

Vingt-trois portraits sont recueillis, frais, sensibles, de passagers ordinaires, et donc forcément un peu extraordinaires, croisés dans le métro. Cela va du SDF qui chante à l'émigré chilien devenu homme-pipi, de celle qui se rêve avocate pour défendre les animaux à l'homme qui attend quelqu'un à une station.
À cette station il jette
toujours un œil rapide
sur le quai
mais ne l'y voit jamais.
C'est tout de même fou en un an
qu’ils ne se soient jamais croisés...
À chaque fois il regarde, mais rien.
Pas même une femme qui lui ressemble
dans le désert des gens.
Il soupire sans savoir
si c'est de désespoir
ou de soulagement.

Vingt-trois poèmes qui sont autant de courtes nouvelles sur la vie des passagers, comme parfois, des destins.
Les images de Jeroen Hollander sont composées de réseaux numérotés. Est-ce là le plan des rames ou les trajectoires des passagers qui ne cessent de se croiser en parcourant leur propre chemin ?
À lire pour sourire, parfois s’attrister, ôter à la pesanteur du métro.