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Dominique MANOTTI


Racket



Dans ce roman policier économico-politique, une banque américaine ne lésine pas sur les moyens pour s’approprier une belle entreprise française. Mensonges, piratage, chantage, meurtres, tout est bon pour arriver à ses fins. La petite équipe de Noria Ghozali aux Renseignements Généraux aura fort à faire et ne trouvera aucun soutien auprès des ministères concernés dont l’attitude tient en une formule : « Devant les Américains, on se couche. »

Cette histoire est librement inspirée du rachat d’Alstom par l’entreprise américaine General Electric en 2014 pour 12 milliards de dollars. On peut facilement trouver des informations sur cette affaire puisque le PDG d’Alstom a été entendu par une commission parlementaire ce mois-ci.

Ici, comme dans la réalité, l’aventure commence avec l’arrestation à New York d’un cadre de l’entreprise Orstam tout étonné de ce qui lui arrive.
«  – Nous nous présentons, monsieur Lamblin. Je suis l'agent Morris et voici mon collègue, l'agent Wolfram, FBI. Vous êtes poursuivi pour corruption dans le cadre d'une enquête de la justice américaine ouverte, comme vous le savez, en mars dernier, sur un marché passé par Orstam en Indonésie en 2004-2006, le contrat Pampa, dans lequel la filiale que vous dirigiez à l'époque ici, aux États-Unis, a joué le rôle d'intermédiaire. »
Chez Orstam, on lui avait garanti qu’il ne risquait rien en se rendant à New York. Que signifie cette arrestation ? Prétexte ? Moyen de pression ? Sur qui ? C’est ce que nous apprendrons au fil du roman…

Parallèlement à cette arrestation, dès le premier chapitre, nous suivons Ludovic Castelvieux qui quitte Montréal en catastrophe. Gérant d’une société écran liée à la fois à des mafias russe, italienne, et à une grande banque, il sent sa vie en danger et se réfugie à Paris.

Si une enquête est menée, c’est grâce à l’opiniâtreté de la commandante Noria Ghozali et de son équipe. La policière, après vingt-cinq ans de carrière, a été virée de la DCRI (Direction centrale du Renseignement intérieur) pour une raison liée à sa famille et à son passé qu’on découvrira en flash-back un peu plus tard.
Pour le moment, elle rejoint les Renseignements Généraux de Paris où elle rencontre ses deux nouveaux adjoints, le capitaine Fabrice Reverdy et le lieutenant Christophe Lainé, qui vont se révéler efficaces et loyaux.

C’est par eux que l’affaire Orstam va parvenir à Noria.
Reverdy, beau gosse habitué aux succès féminins, a l’habitude de jouer au bridge chez Martine Vial, une amie de longue date, qui se trouve être l’assistante du directeur financier d’Orstam. Elle raconte qu’il se passe un truc bizarre dans son entreprise. Une secrétaire se plaint de l’absence prolongée de François Lamblin, directeur de son département. Et Martine Vial ajoute : « Sa femme m’a téléphoné. C’est une amie. Elle est inquiète. […] Nos avocats s’occupent de lui, mais ils ont conseillé à sa femme d’être discrète et elle n’a pas encore pu aller lui rendre visite… »
De son côté, Lainé a été contacté par Ludovic Castelvieux, qu’il a connu plusieurs années plus tôt dans une affaire de drogue à la fac d’Assas. Castelvieux est en panique, il a dû quitter Montréal en catastrophe, il se sent traqué et demande une protection policière en échange de ce qu’il sait sur la banque internationale qui blanchit l’argent des maffias.

Quand Noria Ghozali apprend tout cela, elle décide d’aller voir si La DCRI et la DGSE ont quelques infos sur cette étrange arrestation mais l’accueil n’a rien de chaleureux. À la DCRI, tout est classé confidentiel défense et on lui rappelle qu’elle n’a plus rien à y faire. À la DGSE, on n’est au courant de rien et les États-Unis sont nos alliés très proches. « Nous n’avons été alertés par personne, aucune démarche de l’ambassade de France ou du consulat. »

Noria et son équipe vont donc enquêter seuls et quelques meurtres vont leur prouver qu’une sombre affaire est en cours et qu’ils sont sur une bonne piste…

Beaucoup d’autres personnages vont jouer un rôle important et notamment Nicolas Barrot. Ce n’est pas un cadre très important de l’entreprise mais c’est lui que le PDG va faire monter au front pour répondre aux questions du personnel et représenter l’entreprise dans des réunions plus ou moins secrètes. Barrot pense qu’il s’agit de la chance de sa vie, que ses compétences sont enfin reconnues et qu’il va lui aussi avoir accès à tout ce qui fait le plaisir des dirigeants d’entreprise sur le plan financier, les grands hôtels, restaurants, boîtes de prostituées… On lui en donne un avant-goût et il a le sentiment de prendre sa revanche sur sa condition jusque-là inférieure sans famille, sans grande école et sans réseau.

Voilà une enquête fouillée et menée avec autant d’énergie que de ténacité malgré tous les obstacles qui se dressent sur leur chemin. On découvre ainsi que la vente d’une entreprise française importante à une entreprise américaine n’est pas remise en cause par les ministères qui ne prennent pas au sérieux les rapports qui leur sont faits par les renseignements généraux. Noria et son équipe ont le sentiment de se battre contre des moulins mais ce n’est pas ce qui leur fera baisser les bras et on les suit avec autant de plaisir que d’admiration.

Cerise sur le gâteau nous voyons apparaître fugacement le commissaire Daquin, rencontré dès le premier roman de Dominique Manotti en 1995. Daquin est maintenant à la retraite mais la relève est assurée par Noria Ghozali (déjà présente dans Nos fantastiques années fric et Bien connu des services de police). Elle a vraiment tout pour faire un beau personnage récurrent. À suivre…

Serge Cabrol 
(20/04/18)    



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Noir & polar








Les arènes / Equinox

(Mars 2018)
512 pages - 18 €









Dominique Manotti,
historienne de formation,
a enseigné l'histoire
économique comtemporaine
à l'université et publié une dizaine de romans policiers.


Bio-bibliographie
sur le site de l'auteur :
www.dominique
manotti.com





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