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Danielle THIÉRY


Féroce


« Au sixième étage de la rue des Trois-Fontanot à Nanterre, le chef du groupe des mineurs de l'OCRVP, un des offices centraux de la police judiciaire, occupait une pièce située pile entre les deux open spaces qui hébergeaient chacun la moitié des membres de l'équipe. Spécifiquement créé au sein de l'Office pour lutter contre les crimes et atteintes graves aux enfants, le groupe traquait au jour le jour les pédophiles qui, à l'abri derrière leurs écrans, matraquaient la Toile de photos immondes ou tentaient d'entrer en contact avec de jeunes victimes. Ses attributions s'étendaient aux enfants disparus enlevés, tués, enfouis quelque part, dans une forêt ou un lac. »

Ce sont les activités de ce groupe que nous allons suivre au fil du roman et les affaires qui se présentent à eux ce jour-là ne vont pas laisser un instant de répit au lecteur qui sera sans cesse sur les traces de l’un ou l’autre des membres du groupe, sur l’une ou l’autre des pistes qu’ils découvrent ou suscitent.
« Les dix membres du groupe s'appuyaient sur l'unité de psycho-criminologie au sein de laquelle Alix de Clavery, la dernière arrivée, s'était fait une spécialité de ces atteintes gravissimes à l'enfance. » C’est elle qui nous fera part de ses réflexions, ses intuitions, et qui n’hésitera pas à se lancer dans des initiatives aventureuses en prenant des risques à faire frémir le lecteur.

Trois affaires principales vont mobiliser les efforts des policiers.
La première, qui justifie le titre et la photo d’un lion en couverture du livre, concerne des enlèvements d’enfants. Des ossements sont découverts dans une zone du zoo de Vincennes où des travaux ont été entrepris pour la réhabiliter après des années d’abandon et peut-être la transformer en un espace réservé aux vieux lions proches de leur fin de vie. Les os correspondent à deux corps, un enfant et une jeune femme, dons les têtes sont absentes. Seule l’analyse de l’ADN pourra apporter des informations. Mais Alix, la psycho-criminaliste, va tout de même découvrir des indices et observer des comportements qui vont ouvrir des embryons de pistes.
Parallèlement à cette enquête sur les ossements découverts, des chapitres alternés nous montrent un homme très attiré par une fillette, qui la suit comme son ombre et prépare son enlèvement…

La deuxième affaire traitée par le groupe est la traque sur internet d’un site nommé petites-miss.com qui propose des sous-vêtements d’enfants très suggestifs et présente des photos susceptibles d’intéresser les pédophiles. Remonter à la source de ce site ne sera pas chose aisée parce que les « salopards » sont très méfiants…

La troisième affaire n’est pas liée directement aux activités du groupe mais concerne l’un de ses membres, le commissaire Zénard, qui est retrouvé dans sa voiture inconscient et les mains pleines de sang après avoir invité au restaurant une nouvelle recrue, le brigadier Jessica Manière qui a mystérieusement disparu. Que s’est-il passé ? La soirée a-t-elle dérapé ? La jeune femme s’est-elle refusée ? Le commissaire est dans un état comateux et sans aucun souvenir. Ses collègues veulent en savoir plus avant que l’IGPN ne sorte l’artillerie lourde…

Enchevêtrant ces enquêtes parallèles, il y a le quotidien des membres du groupe de recherches, les relations entre eux, leurs problèmes de santé et leurs affaires de cœur, qui rendent le roman très humain et les personnages très attachants. La commissaire Edwige Marion, personnage récurrent d’une douzaine de romans, se remet difficilement d’une grave blessure à la tête et les séquelles l’obligent parfois à diriger ses troupes depuis son lit d’hôpital malgré l’avis des médecins. La capitaine Valentine Cara est en couple avec Rose, la légiste, mais leurs horaires ne facilitent pas les rencontres. Alix de Claverie, la psycho-criminologue, engage une véritable course contre la montre autour de l’enlèvement d’une fillette et n’hésite pas à se glisser parfois dans la gueule du loup, ou plutôt du lion, en suivant ses intuitions au sein du parc de Thoiry que nous avons ainsi l’occasion de visiter de façon privilégiée de jour comme de nuit.
Chaque passage d’un personnage à l’autre crée une petite frustration tant on aimerait le suivre dans sa quête mais l’urgence des autres affaires est tout aussi aiguë et nous accompagnons ainsi les différents membres de cette équipe de choc sur un rythme endiablé. Ils travaillent beaucoup et dorment peu, le lecteur a lui aussi du mal à quitter le roman pour passer à autre chose. Danielle Thiéry a un talent fou pour créer du suspense et on dévore ainsi plus de cinq cents pages avec un appétit féroce.

Serge Cabrol 
(28/03/18)    



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Noir & polar








Flammarion

(Mars 2018)
544 pages - 20 €





Danielle Thiéry,
ancienne commissaire divisionnaire, est l'auteur d'une vingtaine de romans pour les adultes ou la jeunesse. Elle a reçu le prix Polar à Cognac, le prix Exbrayat et le prix du Quai des Orfèvres.


Bio-bibliographie sur
www.slog.fr/
daniellethiery/biographie




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