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Audrey DANA

Fa(m)ille


Le jeu de mots que constituent les parenthèses dans le titre de Fa(m)ille, premier roman d’Audrey Dana, est programmatique : une lettre en moins et ce sont les failles, les faillites familiales qui constituent l’essentiel du roman.  La narratrice, membre d’une tribu, née d’une mère américaine, pour le moins extravagante, excentrique et extravertie et d’un père inactif puis journaliste dans un magazine, mène une vie décousue, allant de maison en appartement et tentant de recenser ses frères et sœurs, et a beaucoup de mal à trouver sa place au sein d’une famille.  La narratrice rêve d’être aimée par ses parents, espère l’attention de son père : Il dit que je lui manque déjà, que je lui manque à chaque seconde qu’il passe sans moi, et qu’il reviendra sans doute bientôt. […] Les semaines passent. Maman fantôme, papa fantôme, la liberté, le jardin, les frangins, les chiens. La vie. Une nouvelle péripétie bouscule encore cette vie chaotique : la mère de la narratrice jette son dévolu sur une propriété, dans la région de la Beauce, baptisée Maryland, qui tient plus de la ruine que d’une maison et où demi-frères et sœurs vont cohabiter avec des enfants de la DDASS, une des ressources pensées par la mère pour financer les travaux de rénovation et assurer le quotidien…

Ce récit assumé par la voix de l’enfance et de l’adolescence montre comment la narratrice tente de se construire en l’absence de stabilité parentale, entre les heurts et les malheurs de l’existence : comment ne pas renoncer à l’école ?  Comment trouver des repères stables pour à son tour fonder une famille ?  Comment pouvoir se construire une vie affective ? Ainsi la narratrice mène-t-elle ses propres expériences et affronte-t-elle à peu près tout ce qui constitue les dangers et les traumatismes de l’enfance, de l’amour défaillant aux expériences liées à l’ecstasy.

Pour autant ce récit est loin d’être noir, grâce à l’humour et la légèreté du ton, même lorsqu’il s’agit d’aborder des sujets graves. Le dynamisme de la narration est à l’image de cette enfant qui expérimente la résilience et la narratrice n’élude pas les questions sur la construction de l’enfance, entre la volonté d’enracinement, le besoin de la protection apportée par Sœur Lumière, repère ultime, et les dangers qui menacent les adolescents. Mais le message de ce livre, quoique sans concession, reste positif : l’enfance, dans son bon sens et sa clairvoyance, donne de belles leçons de vie aux adultes.

Sylvie Legendre-Torcolacci 
(18/01/19)    



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Les Équateurs

(Janvier 2019)
280 pages - 19 €





Audrey Dana,
comédienne (Roman de gare, Tellement proches, Welcome...), a aussi écrit et réalisé plusieurs films (dont Sous les jupes des filles) et se produit souvent sur scène. Fa(m)ille est son premier roman.

Bio-filmographie
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