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Claudine GALEA

Les choses comme elles sont


« Le Père-Élios et la Mère-Ritou ne se parlent pas beaucoup. Et quand ils le font, ça se termine en claquements de portes. Les jours de semaine, le Père-Élios rentre tard, la Petite est couchée, la Mère-Ritou attend le Père-Élios pour le tenir informé des décisions qu'elle prend à propos de l'éducation de la Petite. Le Père-Élios se contente de dire, Tu as bien fait si tu penses que c'est ça qu'il faut faire, et c'est tout. »

Ce qui frappe toujours dans les romans de Claudine Galea, c’est son écriture directe, claire, qui fait intensément partager les émotions, la violence des situations. Ici la narratrice est simplement nommée "la Petite", pas de première personne, mais nous suivons au plus près ce qu’elle vit, ce qu’elle ressent.

La Petite habite dans une école de la banlieue de Marseille, sa mère (Henriette dite Mère-Ritou) est directrice de la maternelle. Le père (Christian dit Père-Élios) est militaire.
La première partie du livre, intitulée Entre les murs de l’école 1962-1970, raconte l’existence de cette petite fille entre des parents dont la relation est complexe, cocktail souvent détonnant d’amour et de colère, leurs tempéraments et  leurs opinions étant diamétralement opposés. La mère est stricte, sévère, et issue d’une famille communiste. Le père aime rire, chanter, fils de rapatriés d’Algérie et proche des idées de l’OAS.
Cette première partie fait des retours en arrière jusqu’à 1944, date de la rencontre des parents, de la naissance de cet amour fou d’Henriette pour le beau Christian. Venu libérer le Var avec un régiment de spahis,  il est en route pour libérer Marseille mais son char est en panne. Il reste quelques jours,  le temps de la réparation et il repart mais ils vont s’écrire, se revoir, se marier… Rien ne sera jamais simple entre eux.

Une deuxième partie, Le Sainte-Anne 1950, évoque la disparition du père d’Henriette, mécanicien sur un cargo qui relie régulièrement Alger à Toulon et, le 15 mars 1950, cesse brusquement d’émettre au large des côtes espagnoles. Les hydravions envoyés sur zone ne trouvent rien. L’histoire est mystérieuse. Le bateau aurait été signalé à Barcelone. Après une enquête des services secrets, le dossier est classé secret-défense. On n’en saura jamais plus…

Sous le ciel bleu du plafond 1971-1977, malgré son titre lumineux, est une partie bien sombre. La famille quitte l’école pour s’installer dans la maison de Rose, la mère d’Henriette. La Petite entre au collège. Les relations au sein du couple ne cessent de se détériorer. Christian s’en va, Rose meurt, Henriette et sa fille restent seules. Henriette ne supporte pas cette séparation et la colère la rend prête à tout pour faire revenir Christian…

La Petite a grandi, elle a maintenant dix-sept ans, et la dernière partie montre toutes les vies qui s’offrent à elle, tous les métiers possibles, toutes les joies et toutes  les déceptions, tous les essais, les échecs, les recommencements, pour exister, vivre, aimer, être elle-même…

Un roman captivant, émouvant, passionnant, à la fois initiatique autour de l’enfance et l’adolescence de la Petite au milieu d’un maelstrom de passions et de colères, de ciels bleus et de tempêtes, mais aussi un roman éclairant sur la période de l’après-guerre, de la Libération aux années 70, en passant par les guerres coloniales (Christian a servi en Indochine) et l’installation des rapatriés d’Algérie dans les quartiers Nord de Marseille. Tous les événements vus par le prisme d’une famille aux fortes personnalités et aux conceptions très divergentes. Claudine Galea, dramaturge et romancière, est vraiment un auteur  suivre…

Serge Cabrol 
(19/02/19)    



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Lectures








Verticales

(Janvier 2019)
250 pages - 19,50 €





Claudine Galea,
a écrit, pour les adultes et la jeunesse, plusieurs dizaines d'ouvrages.




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