Grégoire travaille dans une maison de retraite où il rencontre un ancien libraire atteint de la maladie de Parkinson et d’un glaucome qui l’empêche de lire. Une amitié nait entre les deux hommes, l’un tout jeune et l’autre en fin de vie. Le libraire, monsieur Picquier n’a pu garder que trois mille livres sur trente mille, ce qui représente une véritable amputation pour lui : « Le syndrome du membre fantôme. Oui, parfois, le membre amputé te démange, tu ne peux pas te gratter et ça vire au cauchemar. Imagine ! Vingt-sept mille livres que je ne peux plus feuilleter. » Il demande à la directrice de l’Ehpad l’autorisation pour que Grégoire puisse venir lui lire des textes à voix haute une heure chaque jour dans sa chambre.   

Grégoire va donc découvrir les techniques et les joies de la lecture à voix haute. Quel texte choisir ? Comment lire ? Comment passionner son lectorat ?

« Je ne lui cache pas mon impatience. Quel livre va-t-il choisir pour ma première lecture ? Fera-t-il son choix par nostalgie d’une émotion particulière quand il était lui-même un jeune lecteur ou réfléchit-il à un livre pour mon propre plaisir ? Peut-il allier les deux ? Le Vieux Librairie est une fine mouche, il alliera les deux. »

Peu à peu, Grégoire progressera dans la lecture à voix haute. Deux résidentes viendront aussi écouter ses lectures dans la chambre du libraire.

M. Picquier raconte aussi à Grégoire sa vie qui n’a pas été facile car il a dû très jeune se débrouiller seul. Il lui fera des demandes de lecture bien particulières et chargées de symbolique.

Grégoire découvre aussi la vie au sein d’une maison de retraite :
« – La vie. La seule qui compte. Ce n'est pas libraire. Non. Foutaises. La seule, la vraie vie qui compte pour moi, c'est le voyage, c'est la route, le chemin, L'Ittéraire Bis, la seule adrénaline qui puisse tromper l'ennui, le vide, à pied, en bagnole, en train, comme tu veux. Avancer. Je n'en reviens pas de m'être laissé piéger dans ce trou à rats. Je suis vraiment con. Ça s'enchaîne. Tu laisses faire et crac, la porte de la chambre 28 se referme sur toutes tes illusions. T'es pas mort mais tu ne vis plus. Tu pourris des ischions. Ah ! cet amour du mouvement que j'ai eu et que j'aurai toujours, jusqu'à la fin. Nom de Dieu. Grabataire. Tu parles d'un mot. J'ai vécu sédentaire et je finis grabataire. Quel parcours ! Grégoire, ne rate pas le coche ! Lis Whitman, Jack Kerouac, Jack London, L'Usage du monde de Nicolas Bouvier. Fais-moi ce plaisir. »
C’est une période où l’on fait le bilan de sa vie, où les amitiés, la sexualité… ont encore leur place.

L’accompagnement humain et littéraire est essentiel :
« Chère madame Masson, J'aimerais que Grégoire m'accompagne en lecture aussi loin que possible. Merci. Célestine Morel. »
« – Grégoire ! la voix du Vieux Libraire déchirée par une quinte de toux, ce n'est pas le moment de pleurer !
Je ravale mes larmes comme je peux. C'est la première fois que je suis confronté à la mort d'une personne qui m'est chère. Nos rendez-vous de lecture nous ont rendus complices, peut-être à tort, d'une complicité de petit-fils et de grand-mère. Pas facile de juger de la bonne distance à garder quand chaque instant partagé vous invite à donner autant que l'on reçoit. » C’est, en effet, un bel échange entre la jeunesse et la vieillesse.

Il y a aussi beaucoup de références à des écrivains et à des textes fondamentaux au cours du roman.

Ce roman est un bel éloge de la lecture à voix haute, du rôle qu’elle peut jouer et de la nécessité des échanges humains qui restent essentiels à chaque âge de la vie.