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le maître de Rive-Neuve Après le très bel ouvrage consacré au peintre chinois Zhou Shichao (dont nous avons rendu compte ici ), Claude Darras nous présente, chez le même éditeur, un peintre marseillais, Louis Toncini (1907-2002). Ici encore, près de trois cents pages de superbes reproductions en couleurs des œuvres de l’artiste et, en alternance, au fil de quatre parties, une monographie d’une cinquantaine de pages pour accompagner « le maître de Rive-Neuve », « peintre prolétarien » issu de l’immigration italienne qui a passé toute son existence à Marseille et participé activement à la vie économique, politique et artistique de la cité.Louis Toncini naît à Marseille en 1907 de parents émigrants italiens. Le père tient une épicerie puis travaille dans une huilerie-savonnerie. Grâce à quelques encadrés, l’auteur nous donne des informations sur l’immigration italienne ou le savon de Marseille. C’est aux beaux-arts que louis Toncini rencontre Simon Auguste et Antoine Serra. Tous trois se fédèrent en un mouvement coopératif baptisé « les Jeunes Peintres » pour exposer leur travail et créer un « Salon des échanges » où les tableaux sont troqués contre des objets, des vêtements ou des victuailles. Après la victoire du Front populaire, en 1936, Marseille inaugure sa première Maison de la culture en présence de Louis Aragon et Louis Toncini en devient co-directeur. En 1937, la démission du directeur de la SCOP (où Louis travaille depuis ses 18 ans), des querelles internes et des difficultés économiques font envisager la liquidation judiciaire et le licenciement du personnel. Avec le soutien de la quarantaine d’employés, Louis Toncini fait le choix du sauvetage de l’entreprise dont il prend la direction et qu’il dirigera jusqu’à sa retraite en 1977. Plus qu’un emploi, c’est une aventure collective. La SCOP, dont quasiment tous les ouvriers sont communistes, cachera des armes et des explosifs pour la Résistance pendant la Seconde guerre mondiale. Elle fabriquera aussi des décors pour le théâtre et le cinéma, notamment pour Marcel Pagnol. Après la guerre, Louis Toncini installe son atelier sur le quai de Rive-Neuve, le long du Vieux-Port. « Louis Toncini, le maître de Rive-Neuve ? L'intitulé de notre ouvrage entend souligner la représentativité d'un homme qui condense à la fois dans son individualité et dans sa création l'esprit des lieux – un quartier de la rive gauche fréquenté par les peintres dès le milieu du XIXe siècle – et l'âme de Marseille, une cité portuaire dont seuls les Marseillais savent dire la gravité et la mélancolie. » Claude Darras sait à merveille nous guider au sein d’une œuvre foisonnante et nous en présenter la diversité, qu’il s’agisse de sites et paysages, de bouquets floraux, de nus, de portraits et autoportraits, de scènes d’intérieur ou de bateaux… La qualité du texte et des centaines de reproductions en couleurs justifient entièrement l’avis de Michèle Benoit-Toncini, fille de l’artiste, qui a préfacé le livre : « Cette monographie, qui va devenir une référence, donne enfin à ce peintre qui était mon père toute sa place. Et même s’il n’aimait guère parler de lui, je suis certaine qu’il en serait heureux et fier. » Un bel ouvrage à lire et regarder et une bonne idée de cadeau si on veut vraiment faire plaisir autour de soi. Serge Cabrol (01/07/19) |
Sommaire Lectures HC éditions (Mai 2019) 288 pages - 45 €
Bio-bibliographie sur notre site Découvrir sur notre site Les lectures de Claude Darras et d'autres ouvrages du même auteur : Petites histoires des mots et expressions La forêt sacrée de la Sainte-Baume Zhou Shichao |
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