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Éliane VIENNOT


Le langage inclusif : pourquoi, comment


Dans la continuité de Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin ! Petite histoire des résistances de la langue française, Eliane Viennot reprend les références historiques pour montrer en quoi la langue s’est masculinisée au fil des siècles : « Nous n’avons pas à modifier notre langue, mais à renouer avec ses logiques, en nous appuyant sur ses ressources. Et la chose est à la portée de tout.e francophone. »

Les hommes veulent garder ce fonctionnement masculin de la langue ce qui leur permet de conserver leur pouvoir : « La domination du masculin sur le féminin dans la langue française ne date pas d’hier. Sans doute est-elle vieille comme le monopole des hommes sur la parole publique et l’écriture, et sans doute la retrouve-t-on dans la plupart des langues qui connaissent cette variation. Elle s’est toutefois nettement accentuée, en Occident, avec la création des universités (XIIIe siècle), puis avec l’invention de l’imprimerie (fin XVe siècle). »

Les hommes « ont pu écrire pour se faire valoir, pour faire connaitre leurs idées, pour servir les intérêts de leur classe (la clergie), alors qu’ils étaient auparavant étroitement dépendants des puissant.es, et que la diffusion de leurs écrits était extrêmement réduite. »

Le livre est partagé en trois parties :
Partie I : La langue française n’a pas besoin d’être féminisée
Partie II : La masculinisation du français
Partie III : Rendre son langage inclusif

Au fil du temps, il est très difficile de faire évoluer les mentalités : « Les hommes continueront de s’exprimer comme ils l’ont toujours fait, les femmes continueront… de se voir expliquer qu’elles se trompent. »
« On enseigne donc toujours, en 2018, dans les écoles de la République, que "le masculin l'emporte sur le féminin", que les mots féminins se forment à partir des mots masculins, et que le masculin a une valeur de neutre. Du moins si l'on suit les directives ministérielles. »
« Chargé d’ancrer la domination masculine dans l’inconscient des élèves, le système scolaire prépare les adultes à la trouver normale. »
Il est donc essentiel de pouvoir bousculer les habitudes pour réhabiliter des modes de fonctionnement de la langue qui redonnent toute sa place au féminin.

La postface de Raphaël Haddad et Chloé Sebagh répond à onze arguments utilisés pour lutter contre l’écriture inclusive : « L'adoption de l'écriture inclusive implique d'être conseillée, formée, outillée pour désamorcer et parfois devancer ces résistances en définissant les standards collectifs les plus adaptés. »

C’est un ouvrage très intéressant puisqu’il nous donne des références historiques et permet d’argumenter face aux opposants à cette évolution essentielle pour la langue : retrouver l’équilibre entre le féminin et le masculin.

Brigitte Aubonnet 
(21/01/19)    



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Éditions iXe

144 pages - 15 €






Éliane Viennot,
universitaire et militante féministe, spécialiste de Marguerite de Valois, a consacré de nombreuses études aux relations entre les femmes et le pouvoir.


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de l'autrice :
www.elianeviennot.fr




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