La première rencontre est aussi un premier souvenir, il a trois ans. Soudain s’approche une ombre qui masque le soleil. C’est un homme grand et mince qui le prend et le soulève vers le ciel. Il a une tête d’oiseau. Cet homme, qui lui dit être son père, lui propose un jeu :
« – Tu sais jouer aux ombres ? »
« – C’est quoi jouer aux ombres ? »
« – Tu fermes les yeux et je disparais. »
Quand l’enfant ouvre les yeux, l’homme a disparu, il s’est envolé comme un véritable oiseau. C’est le début d’une quête sans fin.

Quelques mois plus tard, le père apparaît de nouveau. Les années passent et l’image de cet homme le hante. Ce n’est plus un oiseau, il est grand et mince, a de longues moustaches luisantes …

Il se présente une autre fois, le jour de sa première communion, pour participer à la fête, puis repart.

Un autre jour, à la saison des mangues, sous un soleil torride, il a douze ans, il le voir réapparaître. L’enfant ne peut dire un mot, son père lui déclare son amour et s’en va, l’air triste.
C’est un adieu cette fois. Quelques jours plus tard, il l’aperçoit embarquant sur un navire, exil vers une destination inconnue.

Thème de l’abandon du toit familial par le père, obligé de se rendre en terre étrangère pour diverses raisons...
Manques liés à l’absence d’une figure paternelle. Espoirs qu’il revienne, souffrances, l’enfant qui aurait préféré que ce père ne soit qu’un rêve, doit se prendre en charge, et doit gérer aussi les crises de douleur et de folie de sa mère.

Style très bariolé, imagination forte, écriture poétique, envies d’apaisement et de renaissance.
Récit autobiographique, l’auteur aujourd’hui âgé de quarante-cinq ans vit entre Paris et Port-au-Prince. Il n’a pas revu son père depuis l’âge de douze ans mais estime « qu’il est bien en vie, que tout va bien, qu’il a pris sa retraite et vit comme un Occidental au repos ».

Nicole Martin-Caïdos 
(19/02/20)