Retour à l'accueil du site | ||||||||
suivi de L’enfant et la guerre
Enfant, Le Clézio a séjourné en Bretagne, à Sainte-Marine, sur l’estuaire de l’Odet, en face de Bénodet, « quelques mois chaque été, entre 48 et 54 ». Quelque 70 ans après il revient en Bretagne. « Je n’en ferai pas le récit chronologique. Les souvenirs sont ennuyeux, et les enfants ne connaissent pas la chronologie. Les jours pour eux s’ajoutent aux jours, non pas pour construire une histoire mais pour s’agrandir, occuper l’espace, se multiplier, se fracturer, résonner. » L’Enfant et la guerre succède à Chanson bretonne et nous plonge un peu plus dans le passé de l’auteur. « Dans une guerre, les enfants ne savent rien de la réalité, ils écoutent des mots, ils construisent leurs histoires. » Chassée de Bretagne par les Allemands, la mère de J.M.G. Le Clézio qui naît en 40, se réfugie à Nice sous occupation italienne puis dans la montagne, à Roquebillière, quand les Allemands descendent dans la zone sud. Il est vraiment très jeune et ce sont des souvenirs d’un enfant de moins de cinq ans qu’il nous livre : « le choc de la bombe est terrible. Je n’ai pas souvenir du bruit. Je me souviens de l’onde qui fait bouger le sol et du cri qui s’échappe de ma gorge. Ces sensations ont lieu en même temps, le choc, la chute et mon cri. Plus tard, à l’âge adulte, j’ai vécu un grand tremblement de terre, à Mexico, en 85. Cette sensation étrange que la terre devient liquide, que plus rien n’est assuré, que tout peut disparaitre, » ou des mouches à Roquebillière, « Les mouches sont les grandes victorieuses des guerres […] Avant la guerre [disait la grand-mère du narrateur] les mouches étaient en nombre raisonnable. Elles sont arrivées avec les Allemands. Ce n’était pas un hasard, c’était un plan de l’ennemi pour saper le moral des Français. » Il évoque Mario, un garçon un peu plus âgé que lui, compagnon de jeu, mais aussi résistant qui sautera avec une bombe qu’il transportait… Des matinées passées à chercher de la nourriture, car c’est ça qui le marquera peut-être le plus, la faim : « Je parle de vide. Ce n’était pas un vide du corps, mais un manque continu, une cavité, un espace. Je ne me souviens pas d’avoir envie de ceci ou de cela. Nous n’avions pas le choix. Nous n’avions pas assez de tout. » Deux textes courts qui nous font partager d’intenses moments de l’enfance de J. M. G. Le Clézio. Michel Lansade (15/05/20) |
Sommaire Lectures Gallimard (Mars 2020) 160 pages - 16,50 € Version numérique 11,99 €
Bio-bibliographie sur Wikipédia |
||||||