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Le récit intitulé Ainsi nous leur faisons la guerre se compose de trois « panneaux ». Le premier se situe en 1903 à Londres où un professeur d’université pratique lors d’un cours en amphithéâtre une expérience de physiologie sur un chien vivant « ligoté, muselé, cou entaillé ». La plupart des étudiants ne semble pas s’émouvoir de cette scène mais deux jeunes femmes, suédoises d’origine, vont porter l’affaire à la connaissance de la société de lutte contre la vivisection. Un article paraît dans la presse, l’affaire arrive à la Chambre des communes, le professeur porte plainte pour diffamation, un procès suivra et en 1906, un monument à la mémoire de ce chien brun sera inauguré à Battersea et pendant des années l’affaire divisera la Grande-Bretagne. Le talent de Joseph Andras c’est, à partir de ce fait divers, de faire surgir des personnages historiques qui vont lui donner une autre dimension. Gandhi pour commencer et ses écrits végétariens, Jaurès qui « parle contre l’exploitation de l’homme par l’homme. » « La paix dont il rêve pour les hommes et les nations restera un rêve tant que cette paix barbotera dans le sang des bêtes. » Le deuxième récit ou panneau se situe en 1985 en Californie. Dans un laboratoire de l’université de Riverside, un bébé singe est rendu aveugle dans le cadre de recherche sur le développement comportemental des animaux élevés avec un dispositif de substitution sensorielle. Le Front de Libération des animaux mène une opération de sauvetage pour rendre la liberté à ce singe et à 467 autres cobayes. Le troisième récit a pour épigraphe une citation de Claude Levi-Strauss : Tous ces récits illustrent les réflexions si actuelles de nos sociétés, les questionnements sur nos rapports avec les animaux mais dans une perspective à la fois politique, philosophique et historique. À deux reprises, Andras nous confie son goût de la langue juste. À propos d’une linguiste : « Peut-on imaginer qu’observer la structure des mots oblige à les respecter ? » Et à propos du professeur de psychologie et doyen de l’université de Riverside : « L’étonnant, c’est que cet homme malmène les mots qu’il trouve sur sa route. […] les mots qu’il écrit - connaissance disponible, études réalisées, progrès cognitif, comprendre le monde ou opérationnaliser un concept – tous ces mots ne disent rien de ce qu’ils devraient dire. » Nadine Dutier (03/05/21) |
Sommaire Lectures Actes Sud (Avril 2021) 96 pages - 9,80 €
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