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Marco PIANELLI


La mécanique du pire


Le héros récurrent de Marco Pianelli est une mécanique bien huilée et implacable. Ancien militaire et ancien agent des services secrets, rompu à toutes les disciplines et toutes les techniques de combat, il n’obéit plus qu’à lui-même et poursuit ses propres objectifs. Super entraîné physiquement et mentalement, il n’hésite pas à affronter des ennemis très dangereux quel que soit leur nombre. Il est en guerre contre le Mal. Sa vie est une guerre.

Dans son aventure précédente, L’ombre de la nuit, il s’appelait Paco Sabian. Maintenant, muni d’une nouvelle identité intraçable, sans passé ni informations dans la moindre base de données, il s’appelle Mano Lander. Le nom a changé mais pas la rage et la détermination. Il n’hésite pas à tuer si c’est nécessaire. « Il hiérarchisait la valeur de ses actes en fonction du degré de culpabilité de son ennemi. Bien évidemment cette échelle de valeur était intime et il ne voulait ni convaincre, ni rallier des voix. Lander punissait les coupables. Un peu comme un père Fouettard, mais pour les adultes. » Il ne supporte pas l’injustice, toujours prêt à défendre la veuve et l’orphelin.

Et justement, dès le premier chapitre, voilà une veuve et deux orphelins, dans une voiture en panne sous la pluie, au bord d’une route d’Auvergne, alors que Lander voyage en autocar. Le chauffeur s’arrête, demande si elle veut de l’aide mais elle refuse. Lander descend du car qui repart vers Riom. Il s’approche de la femme mais elle est sur la défensive. Avec beaucoup de patience et de persuasion, il parvient à lui faire ouvrir le capot et à bricoler une réparation de fortune comme il en a réalisé de nombreuses sur les véhicules militaires. Elle s’appelle Marie, sa mère loue des chambres d’hôtes, il sera hébergé pour la nuit.

Elle est veuve d’un policier, Lucas, qui s’est suicidé avec son arme de service, comme tant d’autres chaque année. Mais le peu qu’elle en sait ne convainc pas Lander, il connaît trop les hommes et le fonctionnement des groupes, des meutes quand il s’agit de ripoux. Et cette BAC 96 parisienne (Brigade Anti Criminalité) lui semble bien relever de ces cow-boys qui terrorisent et rackettent, obtenant de bons résultats par des méthodes non conventionnelles, empochant au passage une partie des saisies.
Une clé USB retrouvée dans les affaires du policier "suicidé" confirme son intuition. Lucas avait découvert les trafics et magouilles de la BAC 96 et il avait essayé d’en informer sa hiérarchie et obtenir une mutation pour échapper à cet engrenage, un choix courageux mais suicidaire. Il a fini par livrer ce qu’il savait à un avocat mais le lieutenant Ciani qui dirige la brigade sait comment empêcher quiconque, commissaire ou avocat, de se mêler de ses affaires. Chacun a ses petits secrets et Ciani est toujours bien renseigné. Il a résolu le problème Lucas en faisant un exemple pour ses hommes et souder un peu plus son équipe. Ciani ne se laisse pas trahir qu’on se le dise.

Voilà de quoi intéresser Lander. Un suicide n’est pas un décès en service, pas d’indemnités, pas de pension. Marie est restée seule avec ses deux enfants. Elle a quitté Paris pour revenir chez sa mère où elle vivote avec un temps partiel dans un magasin. Lander, à côté de son intransigeance impitoyable envers le Mal, n’est pas insensible à la détresse des victimes. Bien au contraire. « Vous m’avez demandé si les femmes en détresse ça m’excitait. La réponse est non. Mais ça me bouleverse. Si je peux agir, alors je le fais. » 

On est page 30, on comprend que la BAC 96 a du mouron à se faire. Ciani et ses hommes ne le savent pas encore mais un tsunami se prépare en Auvergne qui va déferler sur Paris…
Quant à la mission que Lander doit accomplir à titre personnel, on n’en connaîtra la nature que plus tard et elle nous permettra d’en savoir plus sur le baroudeur et sa façon de disparaître des radars pour devenir un vengeur fantôme.

De chapitre en chapitre, on découvre en parallèle, d’un côté le passé de Lander et ses méthodes radicales mais aussi sa relation à Marie et ses enfants, et d’autre part le fonctionnement de la BAC 96 qui comprend vite la menace se profilant à l’horizon. Mais comment se protéger contre un tsunami ? Quand on prend conscience du phénomène, il est souvent trop tard…

Marco Pianelli nous emporte dans un tourbillon infernal où chacun sait que seule la mort de l’adversaire peut mettre fin à la guerre. Lander et les ripoux sont également sans états d’âme et prêts à tout. Un combat sans merci, le héros seul contre une meute acculée, dos au mur, comme une horde de sangliers blessés ou de hyènes en chasse. Un roman passionnant dont on tourne les pages à vitesse grand V pour savoir si (et comment) Lander va réussir à venger la famille de Marie et la protéger des représailles de Ciani et ses sbires. Encore une belle découverte dans le catalogue Jigal qui, décidément, ne cesse de s’enrichir, de nous étonner et nous séduire. À suivre…

Serge Cabrol 
(01/08/22)    



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Noir & polar







Marco PIANELLI, La mécanique du pire
Jigal Polar
(Juin 2022)
264 pages - 19 €










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