Comme dans un livre d’heures, Gilles Lades égrène, sur une année, les visions du pays qu’il habite, qui l’habite. Regroupés par mois, les événements naturels, le travail des hommes, la vie des animaux, se répètent sempiternellement dans des lieux déchirants de beauté que nous, lecteurs, nous nous approprions à notre tour.
Les transformations du ciel :
les nuages ne veulent pas se déchirer davantage
ils donnent du bleu comme la fermière du grain
La clarté des pierres et des étoiles :
l’étendue montueuse et pensive
n’acceptera la paix qu’à minuit
sous le texte évident des étoiles
Les bras tendus des arbres :
les genévriers sont tout au bout des pacages
comme des aïeux d’âtre
qui laissent les jeunes brasser l’air de la cuisine
Le souvenir de ceux qu’on a aimés :
une pluie triste comme après la fête
s’obstine à parsemer les gris
alors que des voix reprennent possession des lieux
La présence secrète des bêtes :
le geai scande une allégresse
qui nous reste étrangère
ce lieu de nul passage
laisse l’abeille
te mesurer le temps
Les travaux et les jours :
un champ de blé se scelle à la terre
jusqu’à la moisson crépusculaire
le ronflement des machines et des voix
se vaporise dans les mauves
Et au fond, la nostalgie d’un autre temps à travers l’évocation de ruines, de silence, de solitude, de mort. Ne sommes-nous pas faits de cette éternité là et de l’espoir aussi…
une abaye ruinée
retentit de lumière
dans la gloire flutée d'abandon
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une ruine
protège l'avenir
de ton âme intacte
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le bois en tas
prophétise des bonheurs d'hiver
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Sylvie Lansade
(12/01/24)
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Poésie
Alcyone
(Novembre 2023)
90 pages - 21 €
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