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George SAND (1804-1876)


Les beaux messieurs de Bois-Doré


« Est-il possible que les honnêtes gens soient condamnés à être joués par les scélérats, et qu’en toutes guerres ceux-ci soient les plus avisés, et, en définitive, les plus forts ! »

Le roman de cape et d’épée de George Sand, Les beaux messieurs de Bois-Doré, est paru en feuilleton en 1857. Les aventures du Seigneur de Briantes, sous Louis XIII, au cœur du Berry, et de son providentiel neveu, sont toutes désignées pour mettre en haleine les lecteurs du Progrès Illustré. Dumas n'aurait pas renié l'histoire de ce fanatique catholique d'origine espagnole, Alvimar, et de son âme damnée, Sanche, se retrouvant, « par le plus grand des hasards » hébergés chez l’ex-huguenot Sylvain de Bois-Doré, fait marquis par Henri IV en personne et dont ils ont assassiné, il y a une douzaine d'années, le frère, laissant, sans le savoir, sa femme sur le point d'accoucher aux mains d'une simple Bohémienne...

Tous les ingrédients sont réunis pour bâtir ce mélodrame ou les guerres de religion, en braises, ne demandent qu'à se raviver. Notre aristocrate excentrique, très aimé de ses serviteurs parce qu'il est bon et parce que « ces rudes natures sont parfois si bonnes ! N'est-ce pas de celles-là que Mme de Sévigné a dit qu'on trouvait des âmes de paysans plus droites que des lignes, aimant la vertu comme naturellement les chevaux trottent. »  Dans cet univers un peu Comtesse de Ségur aussi, notre marquis qui protège un disciple de Giordano Bruno, lui aussi très dévoué, notre Sylvain de Bois-Doré donc se fait vieux, même s’il le cache sous perruques et couches de fards et regrette de n'avoir pas d'héritier. Au moment où il envisage de se marier pour remédier à cela, des Bohémiens de passage vont lui en prodiguer un, en la personne de son neveu ! Découvrant alors qui sont ses hôtes, la guerre est déclarée ! Sanche se faisant même seconder par des reîtres de tout poil passant justement par là. On est en pleine guerre de Trente ans et si l'auteur fait quelques allusions aux horreurs qui se sont commises jusques aux confins du Berry, c'est avec humour et légèreté, même si une petite Bohémienne finit brûlée comme sorcière, roman historique oblige ! Mais c'est aussi au roman sentimental de l’Astrée dont le vieux marquis est féru que George Sand fait référence, mêlant avec habileté et fantaisie tous les ingrédients d'un bon feuilleton : mélo, amour, comédie, tragédie, Histoire, politique, religion, dans un roman qui est aussi un récit d'apprentissage, celui du jeune marquis de Bois-doré et dont le cadre, parfaitement connu de l'auteure, lui permet d'émailler son récit de savoureuses remarques sur les Berrichons et de faire ainsi de nombreux clins d'œil à ses contemporains et payses.

« Cette patiente déglutition, ces longues pauses entre chaque bouchée, ces récits de l'amphitryon entre chaque plat, sont encore articles de savoir-vivre, chez les vieillards, en Berry. Les paysans de nos jours renchérissent sur ce principe de bonne éducation et, quand on mange avec eux, on peut être bien sûr de rester trois heures durant assis à table, ne fût-ce que devant un morceau de fromage et une bouteille de piquette. »

On se régale donc de ce roman qui fleure bon le terroir et nous rappelle les aventures de cape et d’épée de notre enfance.

Sylvie Lansade 
(30/06/17)    




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Pour mémoire








Libretto

(Mars 2017)
576 pages - 13,80 €

Préface de
Daniel Arsand






George Sand
(1804-1876)


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Wikipédia







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