Retour à l'accueil du site






John Steinbeck

Des souris
et des hommes





Joseph Kessel écrivait dans une préface Des souris et des hommes de John Steinbeck, cette clairvoyante réflexion : Certains auteurs de l'Amérique du nord disposent d'un secret impénétrable. Ils ne décrivent jamais l'attitude et la démarche intérieures de leurs personnages. Ils n'indiquent pas les ressorts qui déterminent leurs actes. Ils évitent même de les faire penser. […] Or, – et c'est le mystère – ils vivent tous avec une intensité et une intégrité merveilleuses. Avec leur poids de chair. Avec le mouvement du cœur et les reflets de l'âme. Ainsi nous sont offerts les personnages de cette adaptation du roman de Steinbeck mise en scène par Jean-Philippe Evariste et Philippe Ivancic.

George (Jean-Philippe Evariste) et Lennie (Philippe Ivancic) traversent la Californie de ranch en ranch pour trouver du travail et gagner assez de dollars pour pourvoir enfin s'installer à leur compte… Avoir leur ranch à eux ! Ce qui les lie vraiment, nous ne le comprenons que par petites touches. Pourtant ces deux-là ne font qu'un ! Lennie fort comme un bœuf de trait mais avec la cervelle d'un pigeon amoché et George qui rêve d'un monde meilleur mais avec dans l'esprit et le regard une vague désillusion qu'il garde pourtant au plus profond de lui-même et qu'il traîne comme un trop ancien fardeau. George a fait la promesse à une tante commune de s'occuper de Lennie, de le protéger lui pourtant si fort… Nous déchiffrons très vite que ce personnage capable de charger autant d'orge sur une charrette qu'une demi-douzaine d'hommes, est un boulet dans l'histoire et l'avenir de George. Pourtant cette amitié ne tient pas uniquement à une promesse faite à une vieille tante mourante. Ce rapport fusionnel tient de ces miracles de l'amour et de l'amitié que rien de rationnel ne peut éclairer, rien ne peut s'écrire ni se dire, l'état est là scellé dans son histoire comme une pierre polie par une mer de tendresse. Nous n'attendons plus que le drame.

Tous les personnages de cette adaptation déroulent les tableaux de ce spectacle (des tableaux qui nous font penser parfois aux personnages des toiles d'Edward Hopper qui lui également, comme écrivait Joseph Kessel, n'indique pas les ressorts qui déterminent leurs actes et évite même de les faire penser) avec une justesse qui nous tient en haleine…

La chute de ce drame nous fera sursauter. Et si personne n'applaudit au fondu-au-noir c'est que l'émotion est bien trop forte pour frapper aussitôt dans ses mains… mais très vite c'est debout que les spectateurs applaudiront cette adaptation des Souris et des Hommes de John Steinbeck, donnée au Théâtre 14.

David Nahmias 
(24/11/12)    



Retour
Sommaire
Une loge
pour le strapontin















Théâtre 14
Jean-Marie Serreau


20 av. Marc Sangnier
75014 Paris

Location :
01 45 45 49 77


Mise en scène
Jean-Philippe Evariste
Philippe Ivancic

Direction d'acteurs
Anne Bourgeois

Avec
Philippe Ivancic
Jean-Philippe Evariste,
Jean Hache,
Agnès Ramy
ou
Gaëla Le Dévéhat,
Jacques Bouanich,
Henri Déus,
Philippe Sarrazin,
Augustin Ruhabura
ou
Bruno Henry,
Emmanuel Dabbous,
Hervé Jacobi