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Photo © LOT

Zelda & Scott



de Renaud Meyer






Un lit immense, accolé à une petite table où des bouteilles de gin côtoient une machine à écrire, tel est le décor qui s'offre aux yeux du spectateur une fois le rideau levé.
Zelda et Scott dansent un fox-trot endiablé autour du lit immense – presque trop encombrant pour la scène – avant de se poursuivre à quatre pattes comme deux chenilles enivrées.
Nous sommes dans une chambre d'hôtel au cœur de Manhattan au début des années vingt.
Le jazz, la danse, symbolisent le renouveau ; la soif de vivre, l'envie de fête.

Zelda veut un enfant de Scott. Et pourquoi pas deux ou trois !
Et aussi être écrivaine. Ou danseuse.
Quelle appétence!
Déjà tout enrubanné de légende, l'écrivain Scott Fitzgerald (interprété par Julien Boisselier) est au faîte de sa gloire. Sara Giraudeau, instinctive, muse sexy de Scott, excelle dans son rôle de Zelda. Elle se métabolise en une jeune femme immature, hystérique, avec des petits airs de Blanche Du Bois de Tennessee Williams, avec des yeux d'enfant beaucoup trop grands.

Et voilà Ernest Hemingway (interprété par Jean-Paul Bordes) le confident, l'ami du couple. Il souhaiterait avoir des nouvelles de son manuscrit que Scott n'a pas lu mais qu'il trouve néanmoins trop conventionnel – selon les dires de Zelda. Rien à voir avec la fulgurance et le mordant imaginatif d'un Fitzgerald.

Quelques années plus tard, sur la Riviera, les choses ont bien changé. Allongé sur un transat en osier, Scott lit Shakespeare. Il confie à son ami Hemingway : "Je suis bon à rien, l'écrivain est mort en moi". Ce à quoi l'auteur, dorénavant célèbre, répond à un Fitzgerald en pleine récession littéraire que "les lecteurs sont usés par ses histoires qui se regardent le nombril". Mais la raison principale de ses ennuis créatifs, c'est Zelda, qui "porte le désastre en elle", Zelda, amante d'Edouard, un bel aviateur français "chaud comme le bronze".
La jeune femme sous morphine hurle à Scott, qu'Othello est un bon à rien qui aurait mieux fait d'écouter sa femme.
Paumée comme une mer à noyer (selon l'expression de Virginia Woolf), Zelda prend doucement les chemins de la schizophrénie.
Le couple à bout de souffle s'autodétruit.

Dans cette dramaturgie, la mise en scène de Renaud Meyer, illustre à merveille la fièvre des années vingt, le rêve américain de l'après-guerre, avant l'explosif "jeudi noir". Le Manhattan Jazz Band contribue, avec ses airs de trompette, tantôt vifs, tantôt langoureux, tout en accompagnant le texte, à symboliser cette époque.
Avec cette pièce, interprétée par des acteurs talentueux et autant de mots flamboyants, Renaud Meyer rend hommage à deux légendes quelque peu oubliées.
Un excellent spectacle de rentrée.

Patrick Ottaviani 
(14/09/13)    



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Renaud Meyer






Théâtre La Bruyère

5, rue La Bruyère
75009 PARIS

Location :
01 48 74 76 99


Mise en scène
Renaud MEYER

avec
Sara GIRAUDEAU
Julien BOISSELIER
Jean-Paul BORDES

et
le Manhattan Jazz Band
Xavier BORNENS

(Trompette)
François FUCHS
(Contrebasse)
Aidje TAFIAL
(Batterie)


Décor
Jean-Marc STEHLE
assisté de
Catherine RANKL

Costumes
Dominique BORG

Chorégraphie
Lionel HOCHE

Lumières
Hervé GARY