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Tout va bien se passer rapporte sous forme d’un monologue théâtral le parcours vécu de l'intérieur d’une femme faisant appel à la PMA (Procréation Médicalement Assistée) pour réaliser son désir d’enfant. Le titre est bien évidemment trompeur car c’est plus précisément à partager la confrontation de ses espoirs avec la distance et la froideur de certains praticiens du milieu médical, des pratiques obstétricales et de la machinerie hospitalière parfois violentes, qu’elle nous invite. La PMA n’est pas un long fleuve tranquille et il ne suffit pas de faire une FIV (fécondation in vitro) pour avoir un bébé. C’est le cri d’une femme blessée et en colère qui de façon bouleversante et poignante nous est ici restitué, nous invitant à nous questionner sur le manque d’enfant mais surtout sur la brutalité et l’inhumanité des protocoles proposés aujourd’hui pour pallier à l’infertilité et répondre à la fragilité et au désarroi de celles qui y sont confrontées. « Un sentiment de dévastation, d’avoir été éventrée, pillée, volée, dépouillée, trahie. Vous étiez vivante, prête à donner la vie, vous portiez un espoir, vous étiez cet espoir et en l’espace d’un instant, vous vous retrouvez ouverte, abîmée, déchirée, perdue. » Le travail d’écriture est remarquable, avec des phrases répétées en boucle d’une façon musicale revenant comme des leitmotiv panser la douleur, avec l’omniprésence d’un humour salvateur apte à créer la distance nécessaire avec la situation pour parvenir à la cicatrisation et la résilience. Le texte réaliste et quasi documentaire à son début acquiert alors par sa forme une teinte poétique au fil du récit. La force de vie vient se positionner en contrepoids de l’accablement ou de la colère pour rétablir l’équilibre intérieur permettant alors à quelque chose de chaleureux entre amour et espoir de trouver place. Ce témoignage à la première personne, aussi intime que brûlant d’actualité, semble fait pour nous faire réfléchir à l’identité de la femme, à son désir d’enfant confronté aux progrès de la médecine malheureusement trop peu synchronisés avec l’humanité de chaque patiente, à la maternité mais aussi au manque de respect et aux tabous encore existants quant au corps des femmes. Dominique Baillon-Lalande (26/07/19) |
Sommaire Théâtre La feuille de thé (Mars 2019) 40 pages - 12 €
Bio-bibliographie sur le site de Maïa Brami |
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