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Marie KERN


Histoire de Léo



Sœur Gabrielle : Vous n'avez pas le droit de dire ça.
Léo : On a tous les droits quand on a fait la guerre.
Sœur Gabrielle : C'est bien pour ça qu'elles ne finissent jamais, parce qu'en l'honneur de l'humanité, les hommes acquièrent l'inhumanité.
Léo : Ils ne l'acquièrent pas, ils la cultivent, nuance.
Sœur Gabrielle : Votre pessimisme est affligeant.
Léo : Pas plus que la guerre, ma sœur.


Léo est à l’hôpital, une jambe abimée par l'explosion d'une mine, et l’infirmière, Sœur Gabrielle, s’occupe de lui avec beaucoup de dévouement.
Ce sont les deux personnages principaux de cette pièce qui se déroule dans la chambre du malade.

Sept autres personnages entrent tour à tour, sortent et reviennent, les sept pouvant être joués par le même comédien.
Tout d’abord un écrivain, Odilon Perrault, qui le considère comme un de ses personnages… Il faut dire que le blessé s’appelle Léo Poucet et qu’il semble bien perdu dans cette histoire, dans la guerre comme dans la vie. Comment donner du sens à tout cela ? Les différents personnages ne vont pas l’y aider. L’écrivain attend un train et la chambre se transforme en gare…
Un policier arrive pour verbaliser Léo coupable d’avoir placé son lit sur la voie ferrée. La lecture de Léo aggrave encore son cas.
Le policier : Qu’est-ce que vous lisez ?
Léo : Un livre de contes.
Le policier : Subversif.
Léo : En quoi ?
Le policier : En ce qu’ils donnent des rêves aux gens ! Pas bon du tout.


Rêve, cauchemar, folie… Léo vit une période difficile.
Le docteur Grimm entre à son tour dans la chambre. Il recherche un patient qui s’est échappé de l’hôpital psychiatrique, un homme caméléon, capable de prendre toutes les apparences…

Léo verra encore passer le chef de gare et le commandant d’Espinasse qu’il tient pour responsable de sa blessure.

Puis la chambre se transforme en tribunal où Léo est jugé pour désertion…

Des dialogues vifs et efficaces autour du personnage de Léo qui s’interroge sur le sens de la vie et reçoit des réponses qui le révoltent. La vie, Monsieur, est une guerre dont on ne ressort jamais vivant.

Où est la frontière entre l’imaginaire et la réalité ? L’imaginaire permet-il d’échapper à la réalité ? La réalité n’est-elle qu’une forme de l’imaginaire ? Il faut lire la pièce pour savoir comment Léo parvient à sortir de cette histoire, et de sa chambre…

Avec ses changements de décors, (ou seulement de lumières et de bruits pour évoquer la gare ou le tribunal), avec ses entrées et sorties permanentes de personnages, cette pièce joue sur un rythme aussi vif que ses répliques.

Un texte très intéressant et agréable à lire, qu’on aimerait bien voir un jour sur une scène…

Serge Cabrol 
(30/10/10)      



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Théâtre










Éditions Velours

78 pages - 13,20 €










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