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Photo © Christophe Raynaud de Lage



AVIGNON 2009

ou
le chaotique parcours



Une fête pour Boris de Thomas Bernhard
Photo © Christophe Raynaud de Lage

Toutes salles de spectacle et compagnies confondues, AVIGNON confirme dans son 63ème Festival une réelle vitalité, une souhaitable diversité et pourtant un très chaotique parcours. Jean VILAR y chercherait vainement la philosophie généreuse des années soixante.

Dans le IN, le ministère de la Culture finance des spectacles fort éloignés d’une réelle interrogation populaire. Dans leurs recherches, prétentieuse de modestes certitudes, les créations avant-gardistes s’essaient à cerner nos préoccupations contemporaines mais oublient la passerelle du RIRE, cette soupape nécessaire mais négligée des élites. Et pourtant elles savent faire place à des technologies aussi époustouflantes que burlesques, Une fête pour Boris de Thomas Bernhard en témoigne.

Dans le OFF, on retrouve les mordus et autres fous des tréteaux sous leurs aspects traditionnellement bariolés voire provocateurs lesquels sont charmants et séduisants mais souvent bordéliques dans l’organisation. Là, le meilleur côtoie l’inintéressant. Et dans ce décor vibrionnant qui ressort de la foire du Trône, de l’Opéra de Pékin et des bateleurs du Pont-Neuf, on rencontre également des bonheurs de scène à souligner.

Dans cette cité jadis papale qui prétend depuis quelques années au mélange des genres, on assiste à des spectacles d’immigrés témoignant d’une grande vitalité et d’une évidente mutation des esprits. Notamment le monde angoissant des fous de Dieu qui laisse apparaître ses fissures car certains Arabes et beaucoup de leurs compagnes mesurent l’absurdité des intégrismes. Cela apparaît avec un accompagnement inévitable de remises en question d’us et coutumes, ce qui est un encourageant message.

En témoigne Sacrifices, un solo de Nouara Naghouche, co-écrit et mis en scène par Pierre Guillois. Cette métissée d’Alsace et du Magreb pourrait bien être la parfaite illustration d’une réaction "hors burqa" qui m’a énormément touché et qui provoque la standing ovation. Humour décapant, émouvante générosité, courage lucide et tendresse, Nouara personnifie un souhaitable théâtre : celui qui révèle notre univers présent et le sublime avec l’humanisme nécessaire, le sens de la dérision et l’accompagnement d’un rire salutaire.

Je suis navré d’avoir vu moins de trente spectacles alors qu’AVIGNON 2009 en proposait plus de mille ! Mais il faut faire des choix avec les risques de l’erreur et je souligne ci-dessous les moments heureux de ce périple :

Inventaire 68 de Nicolas Bonneau à la Manufacture
Métronome avec Les Cinq de Cœur au Théâtre du Balcon
Pièces détachées /oulipo au Théâtre du Chien qui fume
Les fumées du pape de Dario Fo au Théâtre du Palace
Je ne sais quoi avec Nathalie Joly au Théâtre du Petit chien
Bernard Azimuth au Théâtre du Cabestan
Le journal de Jules Renard avec Patrice Fay au Magasin.

En hommage particulier à Alain Timar qui dirige avec bonheur le Théâtre des Halles je conseille également trois spectacles qui y sont programmés jusqu’au 30 juillet 2009 en attendant des tournées souhaitables en France et hors frontières : il s’agit de Je veux qu’on me parle de Louis Calaferte avec Yaël Elhadad, Nicolas Geny et Roland Pichaud ; puis Le bal de Kafka de Timothy Daly avec Sébastien Desjours, Guilaine Londez, Anne Mauberret, Erika Vandelet et Philippe Millat-Caeus ; enfin Une voix sous la cendre de Zalmen Gradowsky avec François Clavier. Une salle comble communiait devant un récitant habité par son texte et un écran blanc volontairement privé de vie. Et un profond silence fut partagé devant cette évocation de la shoah devenue, pour un moment d’exception, le théâtre de la pure émotion

Claude Chanaud 
(19/07/09)    


Claude Chanaud et Alain Timar (à droite) au Festival d'Avignon 2009


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Montreurs d'ours









Sacrifices





Je ne sais quoi





Pièces détachées




















Site du Festival IN :
www.festival-avignon.com




Site du Festival OFF :
www.avignonleoff.com