La psychanalyse est une thérapie des troubles mentaux grâce à une investigation approfondie des processus psychiques appelée : l’analyse. Veuillez excuser le côté un peu abstrait et sans doute limitatif de cette définition mais il est préférable d’arriver au Théâtre Montparnasse pour voir Parole & guérison avec une connaissance (même succincte) de la science que Sigmund Freud, Carl Gustav Jung et leurs disciples ont élaborée en Autriche à partir des années 1895. Elle suscite de nos jours autant d’interrogations récurrentes que de recherches contemporaines

Dans cette pièce, subtilement mise en scène par Didier Long, le dramaturge britannique Christopher Hampton nous raconte à sa manière la naissance de cette nouvelle discipline. Sa version vraisemblable est également très convaincante car elle concerne aussi les divergences de ses créateurs : Est ce que les névroses sont exclusivement d’origine sexuelle ? Ou bien peut-on rechercher une solution harmonieuse et efficace à ces problèmes à l’aide d’autres disciplines ? La théologie… propose Jung. Et pourquoi pas la vie parallèle des nains de jardin ! lui répond Freud.

Puis, entre ces deux chercheurs qui travaillent de concert avec leurs évidentes complémentarités et leurs oppositions toujours réfléchies et argumentées, une femme apparaît. Sabina Spielrein participe ainsi de l’approche intellectuelle de Sigmund tout en vivant un amour profond et durable avec Carl Gustav. Et là, le théâtre enchaîne sans peine avec le mouvement psychanalytique car ils utilisent tous les deux la notion dite de transfert.

Ce concept qui permet au spectateur de s’identifier à un aspect très précis de la dramaturgie ou du caractère d’un de ses personnages, rejoint effectivement ce que Freud exprime dans sa théorie «  on ne peut pas soigner une patiente si sa libido ne se fixe pas sur vous. »

Cette conjonction fait de Parole & guérison une pièce vraiment pas comme les autres. D’une part elle explore le pan non cicatrisé de nos libidos, voire les ambigüités inavouées du domaine intime ; d’autre part elle apporte sa contribution à une thérapie nécessaire dont les résultats permettent de trouver un équilibre hors des religions castratrices, des sectes escroqueuses ou d’éventuels enfermements.

S’ajoute à cette salutaire exploration de la psychanalyse par la scène, une forte et très crédible interprétation des comédiens ; notamment celle de Barbara Schulz dont la prestation de « très grande fragile » lors de la première partie de la pièce est tout à fait remarquable.

Si vous vous posez des questions concernant vos bleus à l’âme et vos difficultés existentielles, ne vous refusez pas une consultation au Théâtre Montparnasse. Et dans le cas où la guérison par la parole vous laisse de marbre, allez-y pour un attachant moment de théâtre.

Claude Chanaud 
(22/11/09)