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Photo © Lot

Anton TCHEKHOV

Oncle Vania

Résignation en ligne de mire


Ivan Petrovitch Voïnitski dit Oncle Vania ne se résigne guère à sa modeste vie d’homme de la terre démuni d’avenir valorisant. Il veut être un jour aimé d’Elena la deuxième et jeune épouse de son beau-frère, le professeur Vladimir Alexandre Serebriakov, ce tyranneau de leur maisonnée.

La belle-sœur désirée ne répond pas à ses avances naïves car si elle devait devenir infidèle à son époux, elle choisirait plutôt le médecin Astrov, lequel préfère la vodka au jeu des dames ! Et pendant ce temps Sonia aime en secret le beau docteur qui, verre à la main, se dérobe.

C’est un peu La Ronde dans cette famille à la fois bourgeoise et rurale, vue et commentée par un « plus Russe que moi… tu meurs » mais c’est aussi – et surtout – la peinture au couteau d’un petit monde profondément imprégné des conservatismes, des non-dits frustrants et des modes de vie surannés de la fin du dix-neuvième siècle, lequel annonce une époque pré révolutionnaire.

Dans la vaste maison qui les abrite, les uns vibrionnent et "causent" sous le regard d’une nounou qui voit tout et qui comprend presque tout ce qui relève de l’humain quotidien. Et les autres étouffent. Mais tous participent de cette tradition figée où ils compensent leurs mélancoliques destins par des rêves impartageables, jusqu’au jour où les mégalomaniaques projets du professeur provoquent tout le groupe. Nounou comprise !

A ce moment-là, Oncle Vania passe tout naturellement de l’offrande naïve de quelques fleurs pour Elena à l’agression à main armée pour mettre Serebriakov en ligne de mire. Révolution ou évolution souhaitable ?
Un seul R les sépare !

Les conflits familiaux qui s’ensuivent sont un hommage au changement souhaitable y compris si le cheminement de chacun passe par une mutation évidente des us et coutumes. En finale, l’émotion est au rendez-vous avec une convaincante et touchante prestation de Juliette Duval dans cette ultime phase de la pièce.

L’équipe des Tréteaux de France est remarquable dans cette tragi comédie qui n’a rien perdu de sa portée universelle. Et il faut souligner le décor de Thierry Good suggérant efficacement la vaste maison de cette famille en utilisant cinq portes sans mur porteur et une palissade. Tout simplement.

Claude Chanaud 
(16/01/10)    



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Montreurs d'ours









Théâtre 14
Jean-Marie Serreau


20 av. Marc Sangnier
75014 Paris

Location :
01 45 45 49 77


Traduction :
Arthur Adamov

Mise en scène :
Marcel Maréchal
Michel Demiautte

Avec :
Michel Demiautte
Liana Fulga
Juliette Duval
Hélène Roussel
Marcel Maréchal
Emmanuel Dechartre
Jacques Angéniol
Olga Albrego
Antony Cochin

Décor :
Thierry Good

Costumes :
Bruno Fatalot

Musique :
François Fayt

Lumières :
Jean-Luc Chanonat