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Un grain de fantaisie

de
Patrice Minet


Le Café de la Gare persiste et signe


Un grain de fantaisie est l’exercice réussi d’un délire de scène très heureusement porté et soutenu par ses comédiens. Sur la scène ils sont quatre qui se mettent en cinq.

Première caractéristique, ils font pouffer et s’esclaffer des publics très divers : aussi bien l’auditeur qui écoute religieusement Les Papous dans la tête sur France Culture que l’amateur de gags visuels ou le lecteur de Charlie Hebdo en attente de provocations.

En fait, on peut y apprécier l’art de déconner brillamment et avec humour tout en faisant la part belle à ceux qui sont restés, malgré les années, des potaches moqueurs. Ce sont aussi des gens lucides devant les certitudes des adultes ou ce que l’on appelle plus généralement l’ordre établi. L’affiche de la pièce n’est pas due pour rien à Cabu.

C’est ainsi que dans ces situations d’élucubres sans frontières accompagnées de dialogues à dérapages contrôlés, on retrouve les chahuteurs du fond de la classe dans une perspective où brillent déjà Jean Tardieu, Raymond Queneau, Jean-Michel Ribes et bien d’autres plumes talentueuses. Et on se réjouit que cette aventure s’inscrive dans la tradition des inspirés créateurs de la maison, des sociétaires coluchiens trop tôt disparus et des pensionnaires actuels du Café de la Gare.

L’argument est simplissime : deux sœurs qui vieillissent ensemble, avec une aigreur accumulée au cours des ans, se chicanent en permanence.
Cependant, malgré l’évidence d’une petite vie bien trop mesquine dans le quotidien, leurs besoins d’autres choses n’attendent qu’un signe du destin pour se réveiller. Ce jour arrive quand le facteur leur apporte la lettre d’un notaire et celle du cousin Félix. Et ça démarre dans l’hilarant débridé.

Le délire des frangines joint avec bonheur le clin d’œil codé au cocasse permanent. Cela est évidemment dû aux dialogues vifs et rapides de Patrice Minet, mais également à la dynamique de l’équipe dont Philippe Manesse assure la mise en scène dans un décor aussi pratique que léger.

On est très heureusement loin d’une télévision qui ratisse large dans les plaisanteries faciles et d’un théâtre contemporain s’inscrivant trop souvent dans des modes fugitives. Le Café de la Gare qui suscite traditionnellement un rire de qualité persiste et signe. Et c’est gagné.

Claude Chanaud 
(31/03/10)    



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Montreurs d'ours







Café de la Gare


41, rue du Temple
75004 Paris


Location :
01 42 78 52 51




Mise en scène
Philippe Manesse



Avec
Patrick Farru
Philippe Manesse
Carole Massana
Patrice Minet