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Dominici

Un procès impitoyable

écrit par Marc Fayet






Libération ou guillotine ?

Dans les années 1990 notre justice républicaine avait mis le signataire de cette rubrique sur une liste d’éventuels jurés, de ces Français moyens qui, en cas de besoin, sont amenés à se prononcer sur le comportement et les motivations de gens présumés coupables.

Je n’avais aucune raison légale de refuser ce devoir civique sur lequel, conscient de cette lourde responsabilité, je me suis souvent interrogé. Heureusement, aucune affaire criminelle ne m’a amené à faire partie d’un de ces jurys où l’implication d’un individu non préparé passe par une analyse trop rapide d’un gravissime dérapage humain avant d’aboutir à l’intime conviction laquelle va dicter son vote : Innocent ou Coupable.

Libération immédiate ou peine de mort ? La compagnie Robert Hossein et le Théâtre de Paris m’ont rappelé cette lancinante et obsédante interrogation avec les deux procès qu’ils viennent de reproduire sur la scène. Et dans ce cadre qui se veut respectueux des faits de ce que l’on appela dans les années cinquante L’affaire Dominici, cette évocation m’est apparue à la fois nécessaire à nos consciences et exemplaire de la difficulté à porter des jugements.

Je l’ai vécu fort sérieusement. Et ma critique aux lecteurs de la revue Encres Vagabondes est encore mêlée de ce sentiment, angoissant et profondément ressenti, concernant la fragilité de nos convictions. Y compris après les plaidoiries des deux parties. Je devrais dire surtout. Car ensuite, comme les autres spectateurs, j’ai voté !

Aussi fidèle que soit la présente dramaturgie au procès tel qu’il s’est déroulé, il s’agit évidemment de théâtre mais il faut y souligner l’heureuse convergence d’une mise en scène de Robert Hossein, exigeante d’authenticité, avec un décor de Christian Vallat volontairement souligné de sobriété.

Les dialogues de Marc Fayet vont à l’essentiel et les comédiens sont très vraisemblables dans leurs rôles de « Pour ou Contre ». Avec l’énergie frustre et combative du vieux Dominici, la sobriété clanique de son épouse, les enfants restés plutôt « bruts de fonderie » et les gens de justice maniant le pathétique avec brio… faute d’avoir des preuves, Dominici est un nécessaire cas d’école pour les citoyens et une réelle leçon de modestie pour les péremptoires de tous acabits.

Claude Chanaud 
(13/05/10)    



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Montreurs d'ours












Théâtre de Paris

15, rue Blanche
75009 Paris

Réservation :
01 48 74 25 37




Mise en Scène
Robert Hossein

Avec
Pierre Santini
Pierre Dourlens
yannick Debain
Gérard Boucaron
Serge Maillat
Jean-Paul Solal
Frédéric Anscombre
Jenny Bellay
Henri Deus
Luc Florian
Dominique Gould
Pierre Hossein
Vincent Labie
Géraldine Masquelier
Danik Patisson
Jean Antolinos
Maurice Patou
Dominique Roncero

Décor
Christian Vallat

Costumes
Martine Mulotte

Lumières
Jacques Rouveyrollis
Christian Bréan