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Des souris et des hommes

de John Steinbeck

Dans les années 1930, le célèbre roman de John Steinbeck a analysé et très simplement décrit les tentations basiques, les espoirs simplistes et les pulsions élémentaires des individus lorsque leurs parcours humains sont aussi solitaires que rudes. Dans ce genre… oh ! combien réaliste… la pièce Des souris et des hommes (que Steinbeck a tirée de son roman) est devenue un classique.

Après une programmation internationale, ininterrompue depuis sa création à Broadway en 1937, elle a été reprise en France depuis quelques années par une équipe de comédiens motivés accompagnant Jean Philippe Evariste et Philippe Ivancic sous l’efficace baguette d’Anne Bourgeois. Après de nombreuses tournées en province ainsi que des passages remarqués dans divers festivals de théâtre, ces baladins bien inspirés sont maintenant à Paris pour soixante représentations. Et pour le plus grand plaisir des amateurs.

Il faut d’abord préciser que le récurrent thème de la solitude allié aux inquiétudes d’un devenir précaire trouve évidemment un écho tout particulier dans notre époque car le monde actuel n’est guère rassurant pour beaucoup de citoyens. Tout cela remue en chacun de nous l’idée, de nouveau partagée, que la vie dans les années 2000 est redevenue difficile pour beaucoup. Voire anxiogène pour les plus défavorisés ! Le nombre croissant des demandeurs d’emploi et des S.D.F. dormant durant la nuit dans des cartons coupe-bise le prouve.

Ainsi, les garçons paumés, imaginés par John Steinbeck peuvent apparaitre comme des petits cousins perdus de vue pendant la période dite des "trente glorieuses". Derrière leurs frustres comportements, on sent affleurer les questions éternelles des exclus de la modernité ou, tout simplement, celles de nos contemporains ne bénéficiant ni d’une formation suffisante ni d’une protection sociale sécurisante.

Marqués par de fort mauvaises conditions de départ dans la vie, le lucide George et l’ultra simple Lennie, héros de cette tragique dramaturgie, barbotent également dans un présent âpre et rugueux dont les espérances sont la plupart du temps des leurres et dont l’accompagnement au quotidien se révèle une naïve gamberge.

L’alliance que vont pratiquer ces deux êtres s’est bétonnée progressivement dans une étonnante relation de complémentarité et elle fait ressortit en même temps comment ils survivent dans le monde de brutes d’un Ouest californien en pleine dépression. En réaction, ils vont secréter un projet mobilisateur et puiser dans leur réciproque affection la force de continuer pour le réaliser.

Néanmoins, leur destin va intervenir sans véritable tendresse. Et il va fournir une chute éblouissante à cette histoire d’hommes seuls, y compris si une femme, autre victime de cet univers évidemment très machiste, va traverser le leur. Bien plus pour le pire que pour le meilleur.

Les dix personnages faisant vivre cette très remarquable reprise de Des souris et des hommes forment une équipe à la fois talentueuse et convaincante. C’est peu dire qu’ils ont été chaleureusement ovationnés et combien nous invitons les lecteurs de notre revue à venir les voir sur la scène du théâtre du Petit Saint-Martin où la sobriété du décor laisse la place à un texte somptueusement efficace.

Claude Chanaud 
(07/12/10)    



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Montreurs d'ours








Petit Saint-Martin

17 rue René Boulanger
75010 Paris

Location :
01 42 02 32 82


Adaptation
Marcel Duhamel

Mise en scène
Jean-Philippe Evariste
Philippe Ivancic

Direction d’acteurs
Anne Bourgeois

Avec
Philippe Ivancic
Jean-Philippe Evariste
Jacques Herlin
Gaëla Le Dévéhat
Jacques Bouanich
Philippe Sarrazin
Emmanuel Dabbous
Bruno Henry
Henri Déus
Hervé Jacobi

Lumières
Jacques Rouveyrollis

Costumes
Emily Beer

Musique
Bertrand Saint-Aubin