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Mon dernier cheveu noir de et par Jean-Louis Fournier
Concernant la saison froide, métaphore opportune pour des individus qui achètent en vieillissant des chauffages de complément et qui rabâchent leur bon vieux temps à un entourage pas toujours résigné, le regretté Alexandre Vialatte écrivait déjà "Voici l'hiver, les terreurs du solstice, le soleil entre dans le verseau, la neige tombe, l'homme se réunit dans des salles noires pour voir des spectacles inattendus et oublier sa condition." Fournier dont la tête fonctionne apparemment beaucoup mieux que la hanche et qui fréquente depuis belle lurette les lieux où se joue la comédie n'a pas oublié pour autant sa propre condition : ses cheveux noirs parsemés d'épis et ses vieilles révoltes adolescentes figurent à l'inventaire de ses nostalgies. Et malgré son sourire tout de tendresse, les cicatrices ne lui manquent pas. C'est vrai que de vieilles peines inoubliables nous accompagnent ou ressortent à l'improviste dans nos chaotiques parcours et que le temps passe sans indulgence pour nos rides. Et c'est également vrai que le regard des jeunes filles en fleur est rarement provocation séductrice, y compris quand les plus attentives d'entre elles pensent tout simplement à céder leur place aux plus âgés dans les transports en commun. Enfin, vérité de l'expérience, on prend des distances avec d'anciennes mobilisations et, dans cette traversée où les marches des escaliers se font de plus en plus hautes et où votre entourage prononce si mal les mots qu'il devient inaudible, il nous faudra pagayer entre des petits bonheurs éphémères et des tristesses.
Sur la scène de la salle Tardieu où Jean-Louis Fournier nous apprend à découvrir ces contraintes et ces bonheurs simples, il nous confirme que la deuxième partie de la vie consiste à voir arriver les catastrophes déjà attendues dans la première. En même temps, son il rit à cette désespérance récurrente et il s'accompagne pour lui personnellement d'une sorte de transcendance poétique trop souvent perdue de vue passé l'enfance. J'ai aimé sans aucune restriction cette originale création théâtrale autour de son dernier cheveu noir. Non seulement je viens de m'y baigner dans une salle comble mais je viens de mesurer combien l'humour et la tendresse restent la thérapie nécessaire d'un impitoyable troisième âge. Au-delà de nombreux clins d'il pour lesquels nos codes culturels forment une irremplaçable structure, son pianotage subtil sur fond de mort annoncée est une sorte de Troisième âge mode d'emploi. Georges Perec y retrouverait son miel et tous ceux qui se sentent présentement vieux et moches y pècheront avec bonheur des rires libérateurs. A classer sans hésitation dans les bonheurs de scène 2012. Claude Chanaud PS : Dans sa Grammaire française et impertinente, Jean-Louis Fournier avait écrit ce texte annonçant la couleur de sa pensée et sa très pudique expression : Mon arrière-grand-père est mort, |
Sommaire Montreurs d'ours Théâtre du Rond-Point 2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt 75008 Paris Location : 01 44 95 98 21 de et par collaboration artistique scénographie son lumières répétitrice Jean-Louis Fournier Mon dernier cheveu noir avec quelques conseils aux anciens jeunes (Livre de poche) Jean-Louis Fournier Grammaire française et impertinente (Livre de poche) |
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