LE JARDIN de Brigitte BUC au théâtre des MATHURINS est une très agréable façon de vous embarquer pour une nouvelle saison de théâtre. Je vous la recommande. C'est une pièce en quatre tableaux qui nous plonge très vite dans les problèmes du quotidien puis derrière eux, qui vont servir de révélateurs, vont apparaître les fêlures accompagnatrices de nos contemporains urbains. Les vôtres. Les nôtres. Evidemment.

Si le sujet est éternel, la manière de l'aborder est spécifique à chacun. Et dans cette pièce, Brigitte BUC apporte à la fois une patte originale et une écriture badine. Cependant son approche n'a rien de superficielle car elle arrive très vite, comme sans y toucher, à l'essentiel qui ponctue les éternels cheminements humains de tristesses et de drames. Et elle pianote léger sur ce sujet grave.

Tout s'arrange, disait jadis Alphonse Allais … mais mal ! Les cinq personnages qui se retrouvent dans ce square urbain proche d'un cimetière le savent bien. Leurs aventures sont trop souvent solitaires et leurs espérances sont marquées d'une fragilité mal dissimulée. Mais, ils sont doués de cette réaction ludique qui est de nos jours la marque des plus lucides. Ou des plus désespérés. Au choix.

Pourquoi est-on insatisfait ? dit un de ces grands enfants. Peut-être qu'avant on se sentait moins obligés d'être heureux, on ne se posait pas la question … lui répond une autre habituée du square.

Les unions solides de jadis sur fond d'accords notariaux et d'une résignation quotidienne typée "19ème siècle" font effectivement partie d'un univers en perdition et ce sont les remises en question récurrentes qui nous accompagnent. Alors pourquoi en pleurer, le cœur en bandoulière, puisqu'on peut les vivre avec la distanciation de l'humour ?

De plus … avec LE JARDIN… le pire n'est pas sûr !

On peut même envisager des solutions. Comme dans les contes qui finissent bien. Isabelle Gélinas, Marc Fayet, Cécile Rebboah, Guillaume de Tonquédec et Annick Alane, la tendre grand-mère sans petit-enfant, nous le prouvent de leurs cinq talentueuses prestations que le metteur en scène Jean Bouchaud a su réunir et additionner.

Au bilan de ce JARDIN, il y a une approche séduisante de nos comportements demeurés adolescents et cette première pièce de Brigitte BUC fait espérer d'autres regards de son auteur sur nos cicatrices. De plus, le décor d'Alain Chambon est efficace, retenu, adapté aux saisons de chaque tableau et aussi léger que le texte. Les applaudissements sont sincères. Le théâtre des Mathurins débute bien la saison.

Claude Chanaud 
(07/09/06)