Photo © Catherine Cabrol

La femme placard

avec
Sylvie Flepp


"Et devant ce lit vide, le devenir"
Ponson du Terrail


Ce titre ne doit vous évoquer, d'aucune façon, l'amant dans le placard d'un ancien théâtre. Au contraire, la femme placard est celle d'un seul amour. Seul le lit qui occupe la scène peut vous faire penser à Feydeau mais, là encore, la simplicité du décor de Nicolas Sire nous éloigne définitivement du vaudeville. Et ce lit vide, fortement symbolique, se veut dans la pièce lieu privilégié pour des confidences à mi-voix ou occasionnel refuge pour une introspection sans ambiguïté.

Afin de souligner cette approche minimaliste, la robe de la comédienne, signée de Bernadette Villard, est classiquement bleue à pois blancs, Elle n'implique à aucun moment le "suivez-moi jeune homme" d'une petite bourgeoise en recherche d'autre chose. Correctement fermée seul le bas virevolte en soulignant une féminité qui ne baisse jamais d'intensité.

Dans ce décor qui laisse sa totale efficacité au texte de Chantal Alves Malignon, la metteur en scène Isabelle Rattier signe une bonne réalisation sur le sujet éternel du couple que l'amour réunit et qui se projette dans l'éternité. Pour un long parcours ou pour peu de temps. Pour le meilleur ou pour le pire. Pour le rire ou pour les pleurs.

Sylvie Flepp incarne cette femme placard, accompagnée de son rêve adolescent, celui d'un prince charmant, beau, honnête, courageux, travailleur, sensuel, intelligent et viril. Cependant, elle vit avec un de ces hommes "patchwork" jouant chaque jour une nouvelle sonate à leur compagne. Et qui dans le même temps ne savent pas renoncer à un petit cul qui passe.

Vous imaginez la suite qui conjugue l'opportunité des rencontres, le choc des désirs, le changement de lit opportuniste et quelquefois le changement de vie. Evidemment, la femme placard, tardivement informée de son infortune, va pleurer trois fois par jour avec des tas d'idées se bousculant au portillon d'un imaginaire cabossé. Et elle s'interroge…

Attendre ? Souffrir en silence ? Repartir à zéro ? Se foutre du passé à la façon d'Edith Piaf ? Ou peut-être prendre un amant ? Cette dernière solution n'est guère dans la tradition des femmes placard. Pourtant, avoir la désespérance au cœur et le sexe en berne génère un horizon dépressif et le besoin d'exister pour un autre homme ! Alors que faire ?

La question avec sa réponse s'adresse aux nombreuses femmes célibataires et à tous ceux que le sujet occupe ou préoccupe. Vous trouverez l'une et l'autre dans la pièce. Sylvie Flepp y met en valeur un texte de qualité où les bleus à l'âme sont porteurs d'espoir. Cette femme placard meuble – si j'ose dire – sa recherche d'un amour durable avec un talent qui, d'évidence, s'enrichit de sa grande sensibilité.

Claude Chanaud 
(19/03/07)    



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Montreurs d'ours





Théâtre
du Petit Hébertot

78, bd des Batignolles
75017 PARIS


Réservation :
01 43 87 23 23





LA FEMME PLACARD
de
Chantal Alves Malignon


Mise en scène :
Isabelle Ratier


Avec
Sylvie Flepp