En toute confiance

de Donald Margulies




Patricia vit avec Nick. Mais Jonathan revient la voir.


Cette pièce percute à la Comédie des Champs-Élysées. A plus d'un titre. Et le plus important est peut être que Donald Margulies a le talent de faire ressortir l'infinie complexité des relations amoureuses.

De plus, dans "En toute confiance" il mixe trois raisons susceptibles de mobiliser les spectateurs contemporains : certes il y a au départ cet amour qui perdure dans le temps malgré une douloureuse rupture mais il y a aussi un homme marqué par la tradition juive qui disserte sur son importance et ses conséquences devant un mariage avec une goy. Il y a enfin un récurrent questionnement sur l'art lequel ne s'en remet pas d'être aussi un commerce.

La réalité des êtres et de leurs relations affectives échappe à la classification simpliste et ne se résout pas comme une équation du premier degré. Et faute de solution indolore au très compliqué problème ci-dessus, la dérision apparaît en filigrane tout au long de cette comédie. C'est ainsi que l'auteur nous épargne un happy end artificiel tout en nous poussant à de multiples réflexions.

La difficulté de faire valoir tous les éléments de cette complexité n'est évidemment pas limitée à l'homme de plume. Michel Fagadau a dû également intégrer ces composantes en montant la pièce. Ensuite les comédiens ont dû l'assimiler pour faire ressortir les différentes facettes de leurs personnages plus les états d'âme qui les agitent. Et tout cela fonctionne efficacement. Seul le découpage des scènes à flash back bouscule un peu le spectateur, mais il s'agit là d'un point relativement mineur. En effet, on comprend parfaitement la permanence du sentiment chez la belle Patricia ainsi que sa fuite chez un autre homme.

En même temps, on réfléchit sur le poids du mariage interethnique pour Jonathan, enfant de Brooklyn et de la diaspora juive. Et l'on s'interroge aussi sur les manières de vendre ou de valoriser des tableaux. Art et marketing, où sont vos frontières ?

On mesure également combien Nick, le mari de Patricia, est affligé du complexe de Cyrano et comment il compense sa permanente boule de tristesse par des recherches d'archéologue pointues, agrémentées d'un humour sarcastique. Enfin on ressent combien tout cela est un inextricable gâchis de destins cabossés sans perspectives apaisantes.

Sur la scène, malgré sa permanente luminosité, le décor s'efface devant le texte. Barbara Schulz, Jean-Pierre Lorit et Jean-Pierre Malo les trois protagonistes, jouent juste. Et Elodie Navarre, la critique d'art attentive, est parfaitement crédible dans ce rôle. Donald Margulies a maintenant des aficionados des deux côtés de l'Atlantique et la Comédie des Champs Elysées va connaître un bel hiver.

Claude Chanaud 
(23/10/07)    



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Montreurs d'ours





Comédie des
Champs-Elysées

15, avenue Montaigne
75008 Paris

Réservation :
01 53 23 99 19

(Salle accessible
aux handicapés)





Adaptation et
mise en scène :
Michel Fagadau


Avec
Barbara Schulz
Jean-Pierre Lorit
Jean-Pierre Malo
&
Elodie Navarre







le texte
est disponible
aux éditions
L'Avant-Scène

www.avant-scene-theatre.com