Photo © Philippe Delacroix

Les Diablogues

de Roland Dubillard


Les rires du Rond-Point


Mélancoliques, hypocondriaques et autres bipèdes moroses, venez rejoindre les spectateurs se donnant rendez-vous au Théâtre du Rond-Point. Dans ses trois salles, les rires émergent, fusent, éclatent et se suivent sans interruption. Soprani légers ou gloussements dans les tons graves parcourent ici toute la gamme des complicités jusqu'au déflagrateur fou rire. Particulièrement avec LES DIABLOGUES qui sont accompagnés ou scandés par des rafales rieuses inextinguibles.

D'entrée de jeu, elles sont provoquées par l'utilisation d'un langage étonnant qui fait mystérieusement cascader les certitudes du consensus mou et de l'ordre cartésien. Cheminement original, ce hors piste littéraire est dû aux textes de Roland Dubillard avec la complicité d'Anne Bourgeois qui l'a mis en scène.

Evident succès dès le départ, ce spectacle provoque avec bonheur les conventions installées ou la norme subie ainsi que les hiérarchies bousculant l'humanoïde, voire les "pisse-froid" de la tradition. Et ce genre que l'on a nommé jadis le Théâtre de l'Absurde a si bien franchi les frontières d'un milieu littéraire branché – où officiait Camus – qu'il emmène aujourd'hui les spectateurs dans une hilarante échappée quasiment orbitale.

La plupart de ces textes, souvent qualifiés de "non-sens", expriment le besoin de cheminements nouveaux auxquels des précurseurs inspirés nous avaient jadis initiés ; des anglo-saxons allant de Lewis Carrol et W.C. Fields à Woody Allen mais aussi, plus près de nous, d'Alphonse Allais et Ionesco à Tardieu, Pierre Dac et Raymond Devos. Et évidemment à Roland Dubillard. Le succès des DIABLOGUES prouve non seulement que cette recherche de l'inexprimé passe par une autre utilisation du langage mais, de plus, qu'il devient "phénomène de société".

Conséquence évidente : son public augmente sans cesse, persiste notamment au Théâtre du Rond Point et signe cette année dans la grande salle Renaud Barrault en compagnie de François Morel et Jacques Gamblin. Son rire qui est celui de notre époque ne relègue pas pour autant d'une mise à l'écart de tous les autres car la Vis Comica est d'abord un miroir de son temps.

La deuxième raison d'un tel succès est due à la rencontre de deux comédiens que l'on peut identifier comme un nouveau duo de scène. A la fois efficace, complémentaire et populaire. On parlait naguère de "Poiret et Serrault" on dira sans doute un jour "Morel et Gamblin". Ils établissent effectivement une relation de qualité avec le grand public par l'apport personnel de chacun. La scène est là avec des textes quelquefois bizarres. L'art de la chanson et l'univers de Chaval ne sont pas loin. Connivence assurée de Topor. Et il paraît qu'ils font du vélo, comme vous et moi ! Mais surtout, ces deux talentueux sont percutants parce qu'ils sont vrais. S'il vous fallait une raison supplémentaire pour consacrer une soirée de décembre au Théâtre du Rond Point, sachez que son directeur, Jean-Michel Ribes, a favorisé la publication d'un éblouissant bouquin dont la nécessité apparaît évidente pour l'honnête homme contemporain. Son heureux titre est : LE RIRE DE RESISTANCE. Sous titré "De Diogène à Charlie Hebdo", il complète très heureusement la gamme des RIRES faisant le titre de cet article. Et l'offrir, en lieu et place d'un sapin qui ne vous a rien fait, peut rendre joyeuse votre fin d'année.

Claude Chanaud 
(06/12/07)    



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Montreurs d'ours





au Théâtre
du Rond-Point


2 bis, avenue
Franklin D. Roosevelt
75008 Paris



Location :
01 44 95 98 21
et sur le site
du théâtre :
www.theatredurondpoint.fr


avec
Jacques Gamblin
et
François Morel

Mise en scène :
Anne Bourgeois



Editions Beaux-Arts
35 €



Jacques Gamblin est aussi écrivain et vous pouvez lire sur notre site un aticle concernant
Entre courir et voler.