Photo © Serge LAFOURCADE

Les forains

de
Stephan Wojtowicz




Il y a des trains qui partent et des gens qui restent


Quand les gens qui savent tout – ou qui prétendent savoir – rencontrent ceux qui ne savent pas grand-chose, il y a d'étonnants chocs qualifiés de culturels dans notre discours contemporain. Et ce n'est pas d'aujourd'hui que ces rencontres donnent des sujets d'oppositions évidentes, de heurts multiples et surtout d'incommunicabilité récurrente. Souvent tragique. Quelquefois comique. Aristophane, Plaute et Molière peuvent confirmer.

Cependant, depuis que sa pièce "LA SAINTE CATHERINE" nous a fait hurler de rire, en faisant coexister des militaires des deux catégories, il y a, d'évidence, une belle et nouvelle plume dans ce genre de dramaturgie aussi réaliste que satirique : c'est celle de STEPHAN WOJTOWICZ. Il dynamite les certitudes des uns et des autres avec un style percutant et, en même temps, il exprime une tendresse sans faille pour les humains notamment les paumés de tous bords. Sa récidive (sans les uniformes de la précédente) est une pièce intitulée LES FORAINS.

Sur la scène du théâtre LA BRUYERE, ils sont trois en rupture de la fête foraine, des personnages assez "brut de fonderie", qui regardent passer les trains. Et il en arrive deux autres du type plutôt "bon chic, bon genre" qui descendent de leur wagon pour les rejoindre. En effet, leur train s'est arrêté. Ne criez pas à l'invraisemblance des circonstances, acceptez la fiction et savourez ce moment de théâtre qui va vous visser à votre siège.

D'abord, il y a une représentation tout à fait vraisemblable des rejetés de notre époque : celle que notre environnement révèle chaque jour aux regards gênés des nantis, depuis les gens mal rasés réfugiés dans les couloirs du métro avec leur picrate accompagnateur jusqu'à ceux qui dorment dans la rue sous de pauvres cartons coupe-bise.
Ensuite il y a deux bourgeois contemporains parodiques vivant confortablement et assumant leur progression épanouissante dans l'échelle sociale des années 2000. Les trois premiers sont des exclus de la modernité et les deux autres qui n'ont apparemment pas d'angoisse existentielle sont des "béni-oui-oui" issus des décennies dites " les trente glorieuses".

Ces cinq-là vont vous émouvoir et ensuite vous faire rire d'autant que les comédiens qui les interprètent – Didier Brice, Nathalie Cerda, Maxime Leroux, Mathieu Rozé et Aliénor Marcadé-Séchan – évoluent de manière très crédible entre une incommunicabilité sans nuance et une tendresse maîtrisée. Le rire accompagne leurs prestations mais le message de Wojtowicz, heureusement mis en scène par Panchika Velez, vous accompagnera au-delà d'une soirée nimbée d'humour.

Claude Chanaud 
(23/03/08)    



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Montreurs d'ours






THEATRE LA BRUYERE
5, rue La Bruyère
75009 Paris

Location :
01 48 74 76 99


Une pièce de

Stephan Wojtowicz


Mise en scène
Panchika VELEZ


avec
Didier Brice
Nathalie Cerdà
Maxime Leroux
Aliénor Mardadé-Séchan
Matthieu Rozé




Editions de L'Amandier
12 €