Photo © ALAIN AUBOIROUX


Le banc

de
Gérald Sibleyras




Au théâtre MONTPARNASSE, Christophe LIDON a mis en scène LE BANC, la dernière pièce de Gérald SIBLEYRAS. Dans le décor de Sophie JACOB qui donne à la fois sur le grandiose du massif alpin et la tranquillité de la forêt autrichienne, Régis LASPALES et Philippe CHEVALLIER interprètent Paul et Vladimir, des pianistes virtuoses associés depuis vingt ans dans une réelle réussite professionnelle.

Face à cette très impressionnante nature, les deux artistes sont sensés se préparer à une tournée au Japon. Mais avant de s'asseoir sur le banc du piano pour répéter "à quatre mains" Brahms ou Dvorák, ils parlent à la manière d'un vieux couple.

D'entrée de jeu, ils constatent : On joue ensemble, on voyage ensemble… La seule chose qu'on ne fait pas encore ensemble, c'est baiser ! Puis on les entend dériver vers un univers sans véritable tendresse… celui des petits reproches et des grands agacements. A la base de cette mutuelle critique, il y a sans doute la lassitude des actes répétitifs, des cicatrices restées secrètes mais – surtout – on y sent poindre la jalousie exacerbée des nombrils créateurs, ces moteurs à deux temps qui aspirent la gloire et repoussent le quotidien.

Tu es complètement paranoïaque ! finira par dire Paul à son associé. Et tandis que leur banc de piano se met à rétrécir, Vladimir entend un violoncelle… ROSTROPOVITCH peut-être ?

Pourtant le célèbre violoncelliste est mort. Un univers surréaliste va donc accompagner le cruel bilan de vie des deux pianistes. Mais, note beaucoup plus concrète, une TRUDI italo-autrichienne, mignonne et alpestre, vit dans les parages.

Elle accompagne Paul lors de longues randonnées dans la montagne. Et ce dernier n'échappe pas à la fixation bien connue des hommes désirant vivre un moment d'absolu existentiel alors qu'ils ont simplement rencontré une incitation à équilibrer leur glandulaire de quadragénaire. Puis, symbolique d'un couple d'artistes en perdition, le banc disparaît.

Voilà les éléments heureusement réunis par Gérald Sibleyras. Ils participent d'une excellente comédie au charme convaincant et à la chute imprévisible. Régis Laspalès et Philippe Chevallier savent y quitter le ton "duettiste" de leur tradition moqueuse et rejoignent ainsi leur métier de comédien. De ceux qui savent aussi bien jouer en solo qu'en duo. Du bon ouvrage.

Claude Chanaud 
(03/04/08)    



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Montreurs d'ours






Théâtre
Montparnasse


31, rue de la Gaité
75014 Paris

Location :
01 43 22 77 74


Le banc
de Gérald Sibleyras


avec


Régis Laspalès

et


Philippe Chevallier