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Photo © Cosimo Mirco Magliocca

La grande magie


de
Eduardo De Filippo






Dans son calendrier invitant ses fidèles Salle Richelieu jusqu’à la fin juillet 2009, la Comédie Française nous offre un moment de théâtre de qualité. En effet LA GRANDE MAGIE est un véritable bonheur de scène commençant par le thème attachant du rêve qui sublime… face à la réalité qui déprime !

Cette comédie est due à Eduardo DE FILIPPO, séduisant dramaturge chez lequel la faculté d’imaginer à la napolitaine n’exclut aucunement la participation de caractères pirandelliens. De plus, la mise en scène de DAN JEMMET y donne un ton aussi fascinant qu’endiablé. S’y ajoute également un jeu de comédiens à souligner. Absolument.

« Ma passion ou rien » pourrait-on faire dire à Calogero Di Spelta le mari bafoué. Mais ce dernier ne ressemble guère à d’autres passionnés tragiques pris dans le piège d’une alternative simpliste telle que l’amour ou le devoir. La vérité de cet homme est son attachement à une femme volage qui fait une nouvelle et longue fugue. Et cette disparition dérange tellement l’époux qu’il va se prêter à un jeu étonnant dans lequel son ego cabossé trouvera un cheminement subtil : Est-elle partie avec un autre… ou enfermée dans une boîte ?

ll choisit la boîte. Pour mener ce grand compliqué au terme d’un affligeant parcours où la ville se moque de lui et où sa famille veut le faire enfermer car elle le prétend fou, il faut préciser qu’un magicien de petite envergure, Otto Marvugli va se révéler son très génial manipulateur. Et le caractère opportuniste de ce dernier, un véritable Italien du sud, va ajouter à cette coopération une dimension ambiguë… humaine et dérisoire ou mauvais ange gardien… suivant les scènes.

Les deux personnages évoqués ci dessus donnent à Denis PODALYDES et Hervé PIERRE l’occasion de scènes d’anthologie où ils entraînent pour notre évident plaisir neuf autres complices de la salle Richelieu. Dans leur duos, il passe un souffle peu commun et Podalydès chevauche les cimes.

Reste que parmi les autres rôles, Claude MATHIEU qui joue Zaira, Loïc CORBERY en élégant garçon d’hôtel ou en beau-frère opportuniste, Judith CHEMLA, nunuche fort crédible, et Cécile BRUNE, mère abusant de la situation dans une hilarante prestation méditerranéenne, donnent à leurs personnages secondaires une densité leur permettant d’émerger dans cette dramaturgie d’exception. De plus la scénographie de Dick BIRD apporte son élégante contribution et son efficacité à la fiction. A commencer par la petite loge du magicien où il va se préparer sous nos yeux avant d’entrer en scène.

Ainsi la Comédie Française remplit parfaitement son rôle d’initiatrice en ajoutant une séduisante sœur italienne aux meilleures pièces de notre répertoire.

Claude Chanaud 
(15/04/09)    



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Montreurs d'ours






Comédie Française

Salle Richelieu
Place Colette / Paris 1er



Une pièce de
Eduardo De Filippo

Texte français
Huguette Hatem

Mise en scène
Dan Jemmett

Scénographie
Dick Bird

Costumes
Sylvie Martin-Hysz

avec
Claude Mathieu
Michel Favory
Isabelle Gardien
Cécile Brune
Alain Lenglet
Coraly Zahonero
Denis Podalydès
Jérôme Pouly
Loïc Corbery
Hervé Pierre
Judith Chemla







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