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Des nouvelles de Paris

de
Marcel Aymé


Faute d’une TÉLÉ tentaculaire ou d’un événement mobilisateur, quand de très nombreuses familles françaises des années cinquante se réunissaient le soir pour dîner, il y avait généralement une grosse TSF trônant au milieu de la salle à manger qui moulinait l’info. Très souvent, le père imposait silence pour entendre les nouvelles du jour avec les sourcils froncés de celui qui comprend la gravité de la situation. Il était bien le seul autour de cette table… pensait-il ! Lourde ambiance d’une pas si lointaine époque.

Les autres membres de la famille, le nez dans l’assiette, attendaient la fin des laïus officiels en espérant l’arrivée opportune de l’accordéoniste Tony Murena ou de Jean Carmet dans la famille Duraton. Mais à ce moment souhaité, il arrivait que le père avec le regard lourd du responsable éteigne le poste de radio pour poser à un de ses enfants la question qui dérangeait et qui plombait définitivement la fin de la soirée : Sais-tu ta leçon ? ou… As-tu terminé tes devoirs ?

Marcel AYMÉ qui sut mieux que personne peindre le petit monde de ces temps-là n’a pas manqué d’épingler ces familles coincées du bulbe et pratiquant des usages désuets où certains chefs de famille se révélaient de véritables tyrans domestiques. D’où des textes d’anthologie que les initiés relisent sans se lasser et que les plus cultivés des jeunes générations savourent à leur tour.

Les compagnies Nimbus et La Bigarrure en ont tiré une adaptation pour la scène que le théâtre du Lucernaire abrite jusqu’à fin mai pour notre plaisir de spectateur et de lecteur. Elles ont effectivement su tirer de quatre nouvelles fort célèbres la finesse de l’analyse et la force décapante d’une critique sociale nécessaire sans diminuer pour autant l’élégance du propos.
Et ça percute efficacement.

Dans LA TÊTE DES AUTRES, Marcel AYMÉ avait écrit : D’une concision, d’une violence, d’une aigreur… vous faisiez mouche à chaque mot. Céline RONTÉ et Thierry JAHN font également mouche en nous restituant ses situations et ses textes avec une remarquable précision.

Pour mieux illustrer leurs propos, un poste de TSF comme en avait vos grands parents est au milieu de la scène. Cet irréfutable témoin de la période d’après guerre va mettre en valeur les très caustiques dialogues de ce spectacle. Et derrière lui, un astucieux deuxième rideau de scène va permettre aux deux comédiens de disparaître tour à tour afin de revenir rapidement dans un autre personnage prouvant ainsi leur remarquable capacité à la métamorphose rapide. C’est une vraie performance pour ces rôles à tiroirs. Et la mise en scène de Patrick FLOERSHEIM et de Thierry JAHN, aussi vive que souhaitable pour ce genre de spectacle, fait que le texte reste la vedette.

Bonne ou mauvaise une pièce est un sujet de conversation, c’est tout de même moins embêtant que de lire un livre disait le satirique et navré Marcel AYMÉ quand il constatait l’indifférence d’un trop grand nombre à la lecture. Mais avec DES NOUVELLES DE PARIS vous aurez à la fois la pièce, le texte ainsi que le sujet de conversation. Et du bonheur en plus…

Claude Chanaud 
(27/04/09)    



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Montreurs d'ours





Théâtre du
Lucernaire


53, rue N.-D. des Champs
75006 PARIS

Location :
01 45 44 57 34




Mise en scène :

Thierry Jahn
&
Patrick Floersheim



Avec :

Céline Ronté
&
Thierry Jahn





Site de la compagnie Nimbus :
www.compagnie-nimbus.fr







Marcel Aymé
(1902-1967)


Les quatre nouvelles
adaptées sont :
Le proverbe
Le vin de Paris
Bergère
La canne