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Deux variations sur le thème de la disparition


Cyril BONIN, L'homme qui n'existait pas

Léonid Miller est un informaticien asocial et sans histoire, préférant le monde des images à celui des hommes. Sa vie bascule un soir alors qu'il sort d'une salle de cinéma. Au beau milieu des lumières de la vie parisienne, Léonid conserve étrangement une lueur verdâtre, celle de l'écran de cinéma qui se réfléchissait un peu plus tôt sur les spectateurs. Dès lors, plus personne ne l'entend. Plus personne ne le voit. Il n'existe plus aux yeux des autres. Il est devenu un fantôme invisible, inaudible et impalpable, bien vite oublié de tous. Heureusement, la rencontre d'une comédienne va changer sa vie…
Ce court récit minimaliste prend la forme d'une déambulation dans Paris, aux accents très mélancoliques. Cyril Bonin, qui signe ici le dessin et le scénario, réduit sa palette chromatique aux seules nuances de vert et de brun. Il appuie ainsi l'errance et la solitude de son personnage, qui glisse là sur la réalité, en surimpression avec le monde, sans pouvoir y laisser de trace.



BOULET (scénario) et Pénélope BAGIEU (dessins), La page blanche

La page blanche aborde le thème de la disparition sous l'angle de l'amnésie. L'histoire se situe également au cœur de Paris. Une jeune femme est assisse sur un banc. Il est tard, entre chien et loup. Elle réalise soudain qu'elle ignore tout de ce qui l'a conduite là. Elle ignore où elle se trouve, où elle habite, comment elle se nomme : un immense trou noir, une amnésie totale sur tout ce qui la concerne de près ou de loin. Seul indice : un sac à main, contenant une adresse et un nom, Eloïse Pinson.
La quête, parfois très drôle, de cette identité perdue est construite comme un véritable roman policier. Eloïse devra reconstituer les fils de son passé en examinant tous les indices de sa vie d'avant. Elle devra également tenter de combler ce vide immense qui lui impose de se sentir étrangère à elle-même.
Pénélope Bagieu, bien connue pour ses Bandes Dessinées d'humour (la série Joséphine, Cadavres exquis ou Ma vie est tout à fait fascinante) croque avec simplicité et précision la gamme des émotions de son héroïne. Le dessin s'attarde sur les petits objets sans âme du quotidien que l'on finit, comme Eloïse, par regarder avec étrangeté.
Boulet, le scénariste de la BD, aime jouer avec les attentes de ses lecteurs. La page blanche, derrière une apparence assez lisse et convenue, interroge la nature superficielle de notre identité, notre désir de ressembler à tout le monde qui nous condamne parfois à devenir personne...

Aurélien Dutier 
(06/08/12)    



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Bandes dessinées









Éditions Futuropolis
(Mars 2012)
56 pages - 16 €












Éditions Delcourt
(Janvier 2012)
176 pages - 22,95 €