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MATZ (scénario) Jörg MAILLIET (dessin) La disparition de Josef Mengele (d’après le roman d'Olivier GUEZ)
Cette bande dessinée est une adaptation du roman d’Olivier Guez qui a obtenu le prix Renaudot en 2017. L’auteur dans une courte préface écrit tout le bien qu’il pense de cette adaptation : « Le scénario de Matz est tendu au cordeau. Avec le talent qu'on lui connaît, il a su retranscrire à un rythme haletant les étapes de la traque du médecin nazi caché aux antipodes, mais aussi sa paranoïa crescendo, sa solitude et ses démons qui finiront par le dévorer. » Pour lui, Jorg Mailliet est un émule d’Hugo Pratt. « Son dessin est élégant. Sa plume précise, aérienne. En quelques coups de pinceau, il plante un décor, une atmosphère, celle de Buenos Aires sous le régime des Perón, protecteurs des nazis en cavale, et de la jungle brésilienne où Mengele, déguisé en paysan suisse, finira par devenir à moitié cinglé, rongé par sa propre méchanceté. » Il faut du courage pour travailler pendant des mois (et même plusieurs années pour Olivier Guez) sur la vie d’un personnage aussi monstrueux, abject et méprisable. Il y a de quoi faire des cauchemars ! Mais ce qui est exploré par ce livre, ce sont les soutiens et les complicités dont le monstre a bénéficié pour échapper aux recherches internationales pendant plus de trente ans, jusqu’à sa mort en 1979. C’est le personnage en fuite que nous suivons et les atrocités qu’il commettait dans les camps de concentration sont abordées sous forme de flash-back en quelques pages très sombres : la sélection des déportés à leur arrivée au camp d’Auschwitz, ses folles "recherches" pseudo-scientifique sur la gémellité ou le nanisme qui motivaient les immondes tortures qu’il faisait subir aux détenus, y compris des enfants ou des bébés. Il se prenait pour un grand généticien. L’album s’ouvre avec un paquebot en pleine page qui arrive en Argentine en juin 1949. Mengele est à son bord sous une fausse identité, voyage et faux papiers financés par son père dont l’industrie prospère en Allemagne : « Josef doit savoir que les affaires marchent bien, que nos moissonneuses-batteuses se vendent comme des petits pains et que l’argent rentre à flots. Il faut qu’il soit patient… » Par un premier flash-back nous voyons comment il a pu quitter le camp d’Auschwitz lors de la libération par les Américains en se mêlant aux déportés et aux soldats : « On ne garde que les criminels de guerre fichés et les SS. Foutez-moi ça dehors. » En Argentine il a une idée tellement haute de lui-même et un tel mépris des autres que tout ce qu’on lui propose n’est jamais digne d’un scientifique de son importance. Mais si la première partie s’appelle Le pacha, la deuxième est titrée Le rat. Comme indiqué en introduction de cet article, l’adaptation du roman d’Olivier Guez est très réussie. Le scénario, le graphisme, les couleurs, la construction, la mise en page, tout est méticuleusement travaillé et le résultat est passionnant, efficace et donc totalement nécessaire pour alimenter la mémoire collective sous toutes les formes possibles. Un album intelligent et salutaire. Serge Cabrol (23/01/23) |
Sommaire Bandes dessinées Les Arènes (Octobre 2022) 192 pages - 24,90 € Cette bande dessinée est une adaptation du roman d’Oliver Guez qui a obtenu le prix Renaudot en 2017. Grasset (Aout 2017) 240 pages - 18,50 € Livre de Poche (Aout 2018) 256 pages - 7,20 € Jörg Mailliet a illustré une autre BD chez le même éditeur : Kessel La naissance du lion (Avril 2022) 208 pages - 23,90 € |
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