Editions Joëlle Losfeld,
Collection Arcanes



Annie SAUMONT, Un pique-nique en Lorraine

Comment rappeler d’horribles souvenirs lors d’un pique-nique qui aurait pu être tout à fait banal, voilà tout l’art d’Annie Saumont toujours aussi experte pour concentrer des vies dans une nouvelle. L’alternance du drame et de l’anodin donne toute sa force à ce texte.
Un homme qui boit plus qu’il ne devrait rappelle un moment du passé où justement il n’a pas parlé alors qu'il aurait dû. Pendant la seconde guerre mondiale, l’oncle Jean n’a pas bougé quand le grand-père Opa a été arrêté parce qu’il avait aidé un groupe de résistants.
Comme il boit beaucoup, il parle en ce jour de pique-nique de l’après-guerre où la famille est réunie. Boit-il pour oublier sa lâcheté ou l’alcool libère-t-il ce qu’il essaye de cacher au fond de lui ? « Y a que ça qui vaille, l’amour, aimez-vous les uns les autres faudrait être tout amour. Tout indulgence et pardon. Quand je suis imbibé je débloque. Je sors des vérités premières. Avouez que je vous assomme. Alors arrêtez mes discours, dites-moi de la fermer. On parle trop c’est le problème. » Parler trop ou pas assez...
Jamais un mot de trop pour Annie Saumont qui va toujours à l’essentiel.



Paul FOURNEL, Un rocker de trop

Peut-on vieillir quand on est un rocker ?
Fred Jones est guitariste. Il accompagne de nombreux groupes et des chanteurs de renom comme Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Claude François et des dizaines d’autres… Il porte le surnom de « Fast Freddy » à cause de ses facultés d’adaptation et de sa vitesse de jeu.
Il a décidé de mourir en scène : « Fast Freddy aura choisi sa sortie et toute l’électricité que j’ai dans le dos aura trouvé sa raison d’être. D’ici à la mort, il ne me reste plus maintenant que six minutes trente-cinq de rock approximatif dont trois jolis solos ; c’est un bonheur sauvage qu’on ne peut se donner qu’une fois. Je chauffe. »
Paul Fournel retrace la vie d’un musicien confronté à la jeunesse, aux nouvelles façons de faire : « Pourquoi avoir fait ce travail pendant vingt ans si c’est pour en revenir à se défoncer à coups de kilowatts ». Fred Jones considère que le rock c’est de la culture, que pour en faire, il est plus drôle d’être cultivé. Avec l’âge, il se sent un rocker inutile.
Paul Fournel nous transporte dans la passion de la musique et dans l’angoisse du temps qui passe. Beaucoup d’émotions dans la musique de ses mots jouée sans fausse note sur un rythme endiablé.



Pascale GAUTIER, Moribondes

Un étonnant recueil, sept prénoms féminins pour décliner l’ennui : « Parfois elle décide de sortir. Elle hésite entre l'imperméable beige et la veste légère. Et les chaussures... tout un programme. Une heure plus tard, enfin parée pour l'extérieur, Pénélope cherche en vain son idée première. Où voulait-elle aller ? Elle se sent trop fatiguée pour sortir et, avec lenteur, dénoue l'écharpe, pose le manteau et s'assied, soulagée d'avoir échappé à cette nouvelle excursion ».
Des enfants, des jeunes filles, des femmes jeunes ou âgées s’ennuient chacune à leur manière, donnent parfois la mort avec une obsession de déprimées et se tuent pour sortir de l’ennui. Le suicide relie toutes ces nouvelles. Un thème surprenant que Pascale Gautier explore sans nous lasser une seconde. Folie et perversité se côtoient pour créer une ambiance tourmentée mais non morbide.

Brigitte Aubonnet 



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