Retour à l'accueil du site





Daniel ARSAND

Que Tal


Le premier chapitre du livre est chargé de sensualité pour évoquer la rencontre entre le narrateur et Que Tal, le chat. Une relation d'amour s'établit entre eux deux, nous suivons cette évolution. La présence féline devient essentielle mais permet à son maître de se consacrer à l'écriture même s'il ne peut vivre aussi librement ses rencontres amoureuses et sexuelles car le chat est omniprésent ce que ne supporteraient pas ses amants.

Beaucoup d'émotion se dégage de ce texte qui est un cri de vie et de désespoir, un cri pour clamer que l'écriture est le socle de l'existence : "J'essaierai d'écrire les autres, les comme moi, et les étrangers, tout ce marécage humain, toutes ces pépites d'or dans la boue, j'écrirai sur ceux qui m'ont ému, qui m'ont un moment ravi à moi-même, j'écrirai sur ceux qui peuvent encore m'émouvoir, encore, j'aime bien ce petit mot."

Que Tal est l'incarnation des tous les amours, de tous les morts et les absents où se cristallisent les passions, les souvenirs du narrateur. Une force se déploie dans l'écriture pour crier que nous sommes tous mortels et que l'amour est plus fort que tout. La solitude se peuple de tous ceux que nous avons aimés : "J'ai aimé des hommes, mais si mal, si furtivement, j'aime mes morts, mais c'est facile d'aimer des morts, c'est facile de ressusciter ceux qui vous ont engendré, il suffit d'avoir des mots, de construire une phrase, il suffit de savoir construire une histoire, de rassembler des souvenirs, mais il y en a peu des souvenirs qui parviennent à vous déchirer de part en part, à vous donner une voix."

La vie, la mort hantent ce texte. Le retour sur le passé, sur la disparition des parents, renvoie au questionnement de qui nous sommes, qui étaient ceux qui sont partis et comment se tisse l'écheveau de la vie entre bonheur et peine : "Mon petit cœur en éponge ne s'épuise pas de les aimer, bêta et immense petit cœur, il bat pour un paysage, pour un animal, il me tient chaud, il sait battre, il me donne force, je suis grâce à lui quelqu'un saturé d'animalité, voilà ma nuit intérieure.
Ma nuit animale ne m'effraie pas.
Je suis constitué de nuit, je suis chez moi dans la nuit, il en est ainsi de certains animaux, la nuit est mon élément.
"

Un texte époustouflant et très poignant : "Je suis devenu écrivain, parce que délivré du regard parental. Je suis devenu écrivain avec ange gardien. Que Tal se vautrait royalement sur mon bureau, tandis que sous ma plume naissaient tant bien que mal des personnages. Il rêvait. Lorsque je butais sur un des personnages, parce qu'il perdait chair et voix, qu'il était mensonge sans éclat ou vérité négligeable, je posais instantanément mon stylo et m'abandonnais à la contemplation de ma splendeur, de l'animal de neige. Sa beauté apaisait mes inquiétudes, balayait mon découragement.
Vivre à deux, ce fut cela écrire entre transe et sérénité.
"

Brigitte Aubonnet 
(04/01/13)    



Retour
Sommaire
Lectures









Phébus

(Janvier 2013)
96 pages - 10 €





Daniel Arsand





Découvrir sur notre site
d'autres livres
du même auteur :

Des chevaux noirs

Alberto

Des amants

Un certain mois d'avril
à Adana