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Pierre AUTIN-GRENIER
Élodie Cordou, la disparition
Qui est Elodie Cordou ? Pierre Autin-Grenier nous le révèle peu
à peu. Nous apprenons qu'elle n'aime pas la photo : "Pour Elodie
Cordou cela frise une sorte d'asservissement que d'être prise en photo,
surtout à son insu bien sûr, aussi s'est-elle fait une règle
de ne jamais se prêter à ce jeu pervers de poser et minauder devant
l'objectif d'un appareil photographique et de se dérober toujours aux
ruses et manigances des photographistes de tout poil qui n'ont de cesse qu'ils
n'obtiennent ce qu'ils veulent, c'est-à-dire vous surprendre, de préférence
dans une posture comique ou qui pourrait passer pour compromettante, pour vous
voler votre image, l'interpréter tendancieusement et la faire parler
à leur manière ensuite, ignorant que derrière chaque photo
il y a un être humain."
Et justement Elodie Cordou défend l'humain, les valeurs réelles
des personnes, leur richesse artistique et non pécuniaire. L'inverse
des objectifs de sa famille. Son frère est "âpre au gain",
son père voudrait l'écarter en raison des risques qu'elle fait
courir à la famille, sa mère a toujours trouvé qu'elle
était une enfant difficile. Ne pas ressembler aux autres, donner de l'importance
à la création artistique peut être risqué. Elodie
Cordou va le vivre.
Elle est passionnée de peinture et veut acquérir des tableaux
de maîtres ce qui aux yeux de sa famille ne consiste qu'à dilapider
le patrimoine familial : "Elle, se serait damnée pour la peinture,
se serait ruinée à la peinture qui reste pour elle une folie salvatrice
et, de toutes les folies, la plus folle."
Elle continue malgré tout dans sa passion car c'est ce qui donne sens
à sa vie. Le narrateur a rencontré Elodie Cordou qui l'a emmené
au musée d'Eymoutiers et il espère la revoir un jour. Elle a une
personnalité indépendante. Réussira-t-elle à résister
à sa famille qui la nie complètement et voudrait effacer son existence
?
L'écriture de Pierre Autin-Grenier est comme une peinture au couteau
qui dénonce tout le mal que peut faire une famille face à l'un
de ses membres qui s'intéresse à l'art et il nous révèle
peu à peu, par toutes petites touches, la profondeur du personnage d'Elodie
Cordou qui disparaît au fil des pages, rejetée par une famille
animée par le seul intérêt de l'argent.
Ronan Barrot nous offre des peintures en écho au texte. Des portraits,
de la couleur, de l'épaisseur qui met en valeur la richesse de la peinture.
Il nous offre aussi les détails de tableaux qui donnent toute la dimension
de cet art. On pénètre au cur de la matière.
Une très belle rencontre littéraire et picturale pour donner toute
sa valeur à la passion artistique, qui peut-être une passion risquée.
Brigitte Aubonnet
(06/04/11)
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Lectures
Les éditions du
Chemin de Fer
64 pages - 14 €
Peintures de
Ronan Barrot
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