La maman de Virgil et de sa petite sur est malade. Leur nuit est peuplée
de cauchemars et de créatures malfaisantes. Alors, pour rassurer la fillette,
Virgile part chercher, dans le cur de la nuit, le jour qu'il veut rapporter.
Dans les ténèbres, il croise Noctilia, reine de la nuit, dont la
beauté se nourrit des larmes d'enfants, accompagnée d'Évariste,
un homme en habits de médecin.
Évariste
La plus belle, qui est-ce ?
Virgile
Vous êtes très belle, mais plus je vous regarde, plus je sens mon
cur se glacer. Quand je regarde ma mère et que ma mère me
regarde, il fait bon soudain, j'ai envie de chanter et de rire.
Noctilia
Rire ? Mon Dieu, quelle horreur ! Ils n'ont que ce mot à la bouche.
Évariste
Règle numéro 1 : Pour qui veut contempler l'éternelle beauté,
le rire est à proscrire.
Virgile
Pourquoi ?
Noctilia
Pire que peste et choléra
Qu'au champ la pluie de sauterelles
De la beauté de Noctilia
Le rire est l'ennemi mortel
Il est cause de rides, quel ravage !
Autour des yeux, de pattes d'oies
Il ravine la peau, un vrai carnage
En tout j'abomine la joie
Rire ? Ne t'inquiète pas, avec moi tu n'en auras guère l'occasion.
Un soupir de détresse monte des profondeurs du palais.
Virgile (sursautant)
Qu'est-ce que c'est ? Vous n'avez rien entendu ?
Noctilia
Ah, mélodie délicieuse
Le rire est cacophonique
Délétère et dérisoire
Seul un doux sanglot séraphique
Est délectable à mon miroir.
Virgile
Je dois partir en quête du jour.
Noctilia
Le jour n'est plus, tu as pénétré au cur de l'éternelle
nuit.
Afin de recueillir les larmes des enfants, nectar de perfection, Noctilia est
prête à tout : anéantir leurs espoirs, tuer leurs rêves,
faire fuir le rire et imprimer dans leurs petits curs la tristesse et
le désespoir. Dans son palais, elle retient captifs des centaines d'enfants
dont les gémissements suintent des murs pour hanter les couloirs.
Mais Vigile est bien décidé à rapporter le jour pour sa
petite sur qui a peur du noir. Déjouant les sortilèges de
la nuit et faisant fi de la lypémanie ambiante, il va se battre pour
ouvrir son cur au soleil et à la joie de vivre.
Tout au long de l'histoire, la musique de Franck Villard, interprétée
par quatre instrumentistes (2 pianistes, 2 percussionnistes) et accompagnée
des magnifiques voix de sept solistes et d'un chur d'enfants, nous enchante.
Les illustrations, très esthétiques, plongent le lecteur dans
un monde imaginaire plein de surprises.
La vue et l'ouïe sont de concert sollicitées et la magie opère.
Voici un très beau conte lyrique en sept scènes et quatre tableaux,
imprégné de poésie, peuplé d'étrangetés
et regorgeant d'espoir.
Un voyage au cur de la nuit pour se faire peur et s'amuser à la
fois.
Un livre disque d'une grande qualité, comme on en trouve peu, et qui
ravira petits et grands.
Cécile De Ram
(12/04/12)