Henry BAUCHAU

Le boulevard Périphérique




Deux époques, la deuxième guerre mondiale et Paris en 1980. Deux personnages, Stéphane, l’ami très proche du narrateur qui l’initie à la varappe en l’aidant à surmonter ses peurs et Paule, sa belle-fille hospitalisée pour un cancer que le narrateur accompagne dans sa lutte contre la maladie.

Le souvenir de Stéphane, personnage fascinant, hante le narrateur car son ami, entré dans la Résistance, a été tué par les nazis dans des circonstances étranges et imprécises, à l’âge de vingt-neuf ans : « Alors que j’ai vieilli, que mon corps a perdu de sa souplesse et de sa force, Stéphane sera toujours jeune, il aura toujours vingt-neuf ans, ses yeux bleus, ses cheveux blonds et son sourire d’Indien. »

La maladie de sa belle-fille et la confrontation à la mort, réactive ses souvenirs et révèle au narrateur à quel point Stéphane donnait confiance aux autres. Maintenant, c’est à lui de rassurer sa belle-fille pour qu’elle puise en elle les forces lui permettant de combattre son cancer.

Henry Bauchau nous fait naviguer entre ces deux personnages et nous avançons dans le passé pour découvrir Shadow, le nazi, qui fasciné par Stéphane, dans une relation amour-haine n’aura d’autre issue que de tuer Stéphane. Nous découvrons sa personnalité complexe et l’origine de la haine qu’il porte à ceux qui l’entourent : « Ce que je vois dans le regard, dans la souffrance de Shadow, c’est peut-être que Stéphane avait gardé sa légèreté d’enfance, n’ayant rien eu d’autre. Ayant sans doute accepté de n’avoir rien d’autre. Alors que Shadow est mort à son enfance, qu’il est tout entier adulte, dans la terrible pesanteur de cet état. »

Nous suivons les déplacements quotidiens du narrateur jusqu’à l’hôpital, l’évolution de la maladie et la prégnance de la présence de Stéphane, du rôle qu’il a joué et de l’influence qu’il a toujours sur le narrateur.

La peur, le courage, la vie, la mort, la force, l’impuissance, le rapport au pouvoir, l’horreur, l’amour et le manque d’amour, la complexité des sentiments, des actions, des vies voilà toute la richesse de ce superbe roman qui fascine par sa structure et sa vitalité. Henri Bauchau, né en 1913, est aussi psychanalyste, sa connaissance de l’être humain et son écriture empreinte d’une grande sensibilité touchent au plus profond. Il livre avec beaucoup de franchise la vérité et les doutes d’un homme de 95 ans qui connaît le prix du bonheur.

Brigitte Aubonnet 
(15/08/08)   



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Editions Actes Sud
328 pages - 23 €


Prix du Livre Inter
2008





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