Les mots sont-ils sauveurs ? La douleur est là mais la douceur de leur cohabitation dégage une profonde humanité. La déconstruction de l'être va-t-elle ouvrir sur d'autres possibles :
le monde est blanc
on dit noir parfois
et rien ne s'y dessine et rien ne s'y passe
elle est partout avec ce rien
prisonnière

Transparait la quête de se retrouver, de se relever malgré le poids de la déception :
les solitudes
toutes
ensemble réunies
le corps est oublié dans ses images
s'est égaré
ouvert pourtant
vacant

Loin partout traduit bien ces moments où tout s'effrite, tout se délite dans l'être meurtri qui se sent loin de l'autre, loin du monde, loin de lui-même mais ces mots mènent aussi vers ce loin qui permettra de se retrouver soi-même, de se reconstruire, de retrouver la vie.

La mise en page du recueil très aéré valorise la respiration des poèmes qui nous parlent dans la discrétion des mots :
respirer trop court
un poumon serré d'oubli
trop tôt sevré

C'est un très beau recueil de poèmes que nous offre Claudine Bohi qui maîtrise parfaitement l'économie des mots pour exprimer le maximum d'émotions qui entrent en écho avec notre propre vécu. L'expérience de Claudine Bohi qui a déjà écrit plusieurs recueils s'exprime dans toute la beauté de son art.