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Roxane BOUCHARD


La gifle



François Levasseur, peintre du dimanche, fade et amateur de femmes, attend que le monde reconnaisse enfin son travail. Lors d’un mariage, il doit livrer un portrait de la mariée. Cette livraison ne se fera pas sans encombre.

François Levasseur est tellement excité à l’idée de ce détour érotique chez Camelia Soriano que, dans son empressement, il prend, sans y penser, le chemin le plus court, celui qui passe au milieu du village, c’est-à-dire devant la boulangerie de sa mère. Avec cette érection brûlante qui l’obsède, il aurait dû faire un détour.
« Francesco ! Viens ici ! »


Coincé entre son art, sa maman, la mère de la mariée et ses maîtresses, il va s’emberlificoter dans une suite de tribulations qui font de lui un giflé né.

« Ecoute, Camelia : je préfèrerais que tu viennes pas. C’est tout. Appelle Manolo et annule. C’est pas compliqué. Je te raconterai. C’est juste une noce… »
Sans dire un mot, Camelia Soriano se lève, se dirige d’un pas décidé vers les vêtements de François Levasseur qui traînent encore dans l’entrée, les prend dans ses bras, d’un large mouvement.
« Qu’est-ce que tu fais ? Où est-ce que tu vas comme ça ? »
Elle sort et s’éloigne en direction de la falaise.


Les uns ont un profil de giflé, les autres de giflant, et tout ce petit monde évolue, s’agite, le rythme s’accélère jusqu’au geste inévitable.

Telle une gifle digne de ce nom, le style est vif, élégant et réfléchi.
Parce qu’elle procède d’une technique précise et d’un doigté sûr, la gifle ne doit pas être confondue avec la vulgaire baffe humoristique. Il s’agit plutôt ici d’un art noble, d’une danse sacramentelle qui nécessite une technique corporelle rigoureuse.

Un livre irrésistible et drôle à ne manquer sous aucun prétexte.

Cécile De Ram 
(28/10/09)    



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Coups de tête
, 2007
Les 400 coups, 2009
106 pages – 7 €