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Nadia BOUZID

L'Alpha



Ce très beau deuxième roman se lit d'une traite. Happés par le suspense, tenus en haleine jusqu'au dernier chapitre, nous découvrons l'épilogue qui conclut avec brio ce texte dont l'écriture efficace met très bien en valeur l'histoire qui pourrait sembler incohérente mais ne l'est pas du tout.
L'ambiance étrange est très bien rendue. De bizarrerie en bizarrerie, nous plongeons dans l'univers d'un cinéma, L'Alpha, dirigé par Andrea. Celle-ci accueille une jeune femme, qui se présentera sous le nom de Camille, et vient de tout perdre dans l'incendie de son immeuble. Ne sachant où aller, elle accepte l'hospitalité d'Andrea. Elle sera hébergée dans la maison attenante au cinéma, lieu très étrange, inhabité semble-t-il, pas nettoyé depuis très longtemps. Andrea lui fait une proposition bien curieuse : "– Parce que si vous choisissez de travailler pour moi, et donc de vivre ici, j'aimerais que vous ne fassiez venir personne dans cette maison. C'est la seule condition. Ni petit ami ni amis. Et si on vous demande où vous habitez, vous changez de sujet."

Camille est loin d'imaginer ce qui va se passer et nous vivons avec elle cette étonnante aventure.

Elle côtoie Sonia, la caissière du cinéma qui fabrique des poupées : "…ce ne sont pas des poupées vaudoues. En fait, n'importe quelle œuvre d'art contient quelque chose de son créateur. Quelque chose de vivant. Une œuvre d'art qui ne contient rien, ça se voit tout de suite. On ne ressent rien en la voyant, elle est creuse, elle est vide. On s'ennuie en la regardant. Mais l'art et la magie, au début, c'était même combat. Ça s'est perdu depuis que l'art a arrêté d'être religieux. On a fait des œuvres décoratives et qui ne voulaient rien dire. Mes poupées ne sont pas décoratives. Elles ne sont pas censées être jolies."

Ce n'est pas un roman policier mais l'on est capté par l'intrigue et ce lieu est présenté avec une écriture très visuelle, très cinématographique. Les personnages sont complexes et montrent bien toutes les ambiguïtés de l'âme humaine.

Un très bon moment de lecture qui ouvre sur beaucoup d'émotions et de réflexions, sur comment être soi, comment se construit-on une personnalité, une vie sociale ? La générosité peut-elle être gratuite ?

Brigitte Aubonnet 
(10/09/12)   



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Plon

(Août 2012)
180 pages - 17,50 €






Nadia Bouzid,
née à Strasbourg en 1970, a publié un premier roman, Quand Beretta est morte, chez Grasset en 2008.