Retour à l'accueil






Gyles BRANDRETH


Oscar Wilde et le jeu de la mort



Avec ce second roman, Gyles Brandreth place à nouveau Oscar Wilde au cœur d’une intrigue criminelle où il jouera le rôle de détective amateur. L’écrivain dandy, qui triomphe alors au théâtre avec L’Eventail de Lady Windermere, a proposé à ses amis, lors d’une réunion du Club Socrate dont il est le fondateur et dont chaque membre amène un invité de son choix, le curieux jeu de la mort : chaque convive doit inscrire sur une feuille le nom de quelqu’un qu’il voudrait voir disparaître, et les participants devront deviner ensuite qui a souhaité assassiner qui. Lorsque sont tirés deux papiers qui portent les noms d’Oscar et de sa femme, l’auteur du Portrait de Dorian Gray ne s’émeut pas. Il en va différemment quand, dès le lendemain, les victimes désignées commencent à mourir l’une après l’autre dans des circonstances suspectes. Coïncidences ou série criminelle machiavélique ? Assisté de son fidèle ami Robert Sherard, Oscar va mener l’enquête en utilisant toutes les ressources de sa remarquable intelligence déductive.

Comme dans Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles, le récit offre les caractéristiques d’un roman policier classique qui fonctionne efficacement et qui présente toutes les qualités requises pour divertir l’amateur. Mais cette fois encore, c’est la personnalité du héros qui offre le plus grand attrait du livre. Oscar Wilde est toujours aussi extravagant, toujours aussi généreux, son esprit est toujours aussi éblouissant, et son goût de la provocation n’a pas faibli. Ainsi, lors de la première de sa pièce, remercie-t-il le public en ces termes : « Mesdames et messieurs (…) j’ai immensément savouré cette soirée. Les acteurs ont interprété de façon charmante une pièce délicieuse, et vous avez fait preuve en l’appréciant d’une remarquable intelligence. Je vous félicite pour votre excellente prestation qui me laisse penser que vous avez pour cette pièce presque autant d’admiration que moi. » Son culte de l’élégance ne le laisse jamais passer inaperçu : « Il portait un de ses plus flamboyants costumes d’été, qui associait une veste et un pantalon gris tourterelle, un gilet jaune canari boutonné très haut, et, par-dessus ses bottines grises, des guêtres en tissu, jaunes elles aussi. Il portait à la boutonnière une fleur d’hibiscus dorée couchée sur un brin de lavande. » Dans son sillage, on déguste les vins de Champagne les plus fins, les mets les plus exquis, et on participe surtout à des conversations où étincellent les esprits les plus brillants de l’époque, au premier rang desquels Oscar lui-même, jamais à court d’aphorismes : « Un homme civilisé ne regrette jamais un plaisir, et celui qui ne l’est pas est incapable d’en reconnaître un. » « N’ambitionnez pas le génie, Willie. Le public britannique est merveilleusement tolérant mais il a ses limites. Il pardonne tout, sauf le génie. »

Malgré la pression du suspense, le roman se déroule ainsi dans une atmosphère hédoniste et nonchalante où l’on s’applique à « cueillir le jour », mais sur laquelle flotte un voile léger de mélancolie, car Oscar, hanté par la fuite du temps et le flétrissement de la beauté, semble parfois pressentir sa destinée future et anticiper sa chute tragique, sans pourtant se laisser assombrir par cette gravité secrète. La légèreté avec laquelle il traite toute chose est son élégance suprême, mais n’entame en rien la profonde affection qu’il voue à sa famille et à ses amis.

Oscar Wilde et le jeu de la mort nous permet aussi de rencontrer familièrement des contemporains célèbres tels Arthur Conan Doyle, qui rêve déjà de tuer Sherlock Holmes, Bram Stocker, le peintre Wat Sickert, et aussi Lord Alfred Douglas, le jeune Adonis qui entraînera la perte d’Oscar. La reconstitution de l’époque victorienne semble toujours aussi juste, et contribue au plaisir très vif qu’apporte la lecture du roman.

Sylvie Huguet 
(10/05/09)    



Retour
Sommaire
Noir & polar










10/18
"Grands détectives"

460 pages
13,50 €


Traduit de l'anglais
par
Jean-Baptiste Dupin





Gyles Brandreth,
est journaliste, producteur de théâtre, homme d'affaires, acteur... Inconditionnel d'Oscar Wilde, il a su restituer le génie du personnage dans cette série publiée dans quatorze pays..




Vous pouvez lire
un article concernant
un autre roman
du même auteur :

Oscar Wilde et
le meurtre aux chandelles