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Jacques BURKO

Certidoutes



Voilà une surprise car évidemment je ne pouvais pas connaître la poésie de Jacques Burko puisque c’est le premier recueil de ce poète qui n’a jamais cherché à publier ses œuvres de son vivant. Ce recueil couvre une période de 55 ans (1952-2007). Dans la préface, il nous est présenté ainsi : à partir de 1951, il écrit ses poèmes en français : des textes courts, souvent des jeux avec les mots, des exercices, des mises en rimes ou en rythmes, ébloui qu’il est par les possibilités de cette langue qu’il fait sienne, sans se laisser intimider : il pratique l’irrespect des règles de la versification classique qu’il connaît fort bien, il élude la frilosité de sa nouvelle langue à l’égard des néologismes. Il se l’approprie en apprenant par cœur des vers de Verlaine, de Rimbaud, d’Apollinaire, tout comme il avait appris les grands classiques de ses vies antérieures : Mickiewicz, Pouchkine ou Lermontov.

Jacques Burko est né à Varsovie le 15 juin 1933 et mort à Paris le 24 mars 2008. Il est un infatigable travailleur, n’étant jamais content de sa poésie, il remettait de nombreuses fois un poème à l’ouvrage :

Pour te donner un vers à lire
Il m’a fallu vieillir d’un an

Avec mes folles exigences
Je brûle tout ce que j’assemble


écrit-il dans un poème de Certidoutes (XXVI Nous, les créateurs ; terminé en 1984). Plus loin dans le recueil, se révèlent des profondeurs sous l’apparente légèreté :

Fidélité

Sur la tombe de ma mère il y a une pierre
Inlassable elle dit d’une voix monotone
Eugenia Burko née Lipsowicz 1897-1967
Nuit et jour elle dit
Eugenia Burko née Lipsowicz
Je le dis rarement
Je n’y pense pas tout le temps
La pierre est plus fidèle que moi

Moi je suis vivant
(avril 2007)


Décidément, la collection Poésie des éditions Buchet/Chastel, dont Jacques Burko fut le directeur jusqu’à sa mort, réserve toujours de bonnes surprises pour un amateur de poésie. Pour finir sur le recueil de Jacques Burko, il y a un poème sur la couverture que j’aime beaucoup :

Il n’y a pas de rime à
je mourrai
qui soit satisfaisante
ce n’est pas que ça me hante
mais tout de même
je mourrai
et la mort fermera le couvercle du poème


Lisez ce recueil, où tout le travail du poète s’efface devant l’évidence du poème que l’on lit et c’est du bonheur de lecture.

Gilbert Desmée 
(03/04/09)    



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Poésie










Editions Buchet-Chastel

144 pages - 10 €