Vincent CALVET

La haute Folie des mers


Cet auteur est une découverte pour moi, mais de ces découvertes que l’on aime faire. Ce recueil est composé de deux parties : Soudain l’appel des vagues… et Enfin renaître au rivage. L’écriture inscrit en son rythme des évolutions, des changements liés aux évènements dits. Ceci donne une intensité vivante que l’on ressent au plus profond de soi. Ainsi, dans la première partie, commençons nous tranquillement avec un désir de partir ailleurs, de changer de continent pour y rencontrer celle ou celui qui nous attend et le sentiment de cette attente qui nous pénètre. Nous partons, prenons la mer, essuyons une tempête et tout se détruit sous la violence des éléments, nous devenons un rescapé qui aborde un rivage. La deuxième partie est la rencontre avec une chimère. Le tout comme une métaphore de l’écriture, où la chimère sera quittée au bord de ces mots qui déploient leurs ailes et me quittent. Alors que la chimère nous dit : Tu m’oublieras quand tu partiras fier sur le dos des vagues l’œil rivé à l’horizon des signes.

Cela fonctionne à la lecture comme une poésie narrative. Mais cela est bien trop vite dit car, loin d’être seulement narrative, elle déploie des ingéniosités pour nous maintenir en haleine, nous renvoie au vif de l’être, en ce qu’il a de démesuré, de tendre et de doute qui nous fait parfois tournoyer sur place et par moment sortir de notre condition. Alors comme un :

Liège jeté sur la mer        frêle esquif      mince papier à cigarettes
mince coupon      mince ticket où j’écris mes signes      algèbres
hiéroglyphes       illisibles transcriptions de ce plus haut langage

C’est un recueil qui ne vous laisse pas de répit, on veut y croire, être ce partant qui sera pris dans la tempête pour y trouver la voix apaisante de la chimère.

Sur ton visage il y a les stigmates et les blessures laissés par les
becs acérés des oiseaux      et la morsure à ton flanc qui saigne      il
y a les filaments fuligineux de la lune qui traînent dans les prairies
illuminées de ta cervelle      la brûlure des lames du soleil et de ses
élytres

Je vois cela et je le fais disparaître      je colmate lentement les
brèches ô      fines fêlures béantes

Ma main sur ton visage est une eau pure      le son de ma voix
couvre les zones de ton corps les plus meurtries      et j’allège de
mon aile ô      j’allège tout ce poids de pierres

J’oubliais de vous dire que ce recueil a reçu le prix de poésie de la Fondation Marcel Bleustein-Blanchet pour la Vocation 2007.

Gilbert Desmée 
(14/03/08)    



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