Le jour de ses dix-sept ans, Aurélien a une grande nouvelle à apprendre à ses parents... Il a des parents particuliers puisque ce sont deux mères, Juliette et Bénédicte, qui lui vouent un amour sans faille. Elles sont très tolérantes d'autant plus qu'elles ont eu parfois du mal à faire reconnaître leur amour notamment auprès de leurs propres parents.
Vont-elles accepter ce que leur fils va leur annoncer ? Ces deux mères aiment ce que les autres parents ne tolèrent pas et refusent ce qui enthousiasme les autres ? Aurélien les connait bien. Il a donc bien préparé son annonce pour argumenter au mieux : "La nouvelle que je dois annoncer ferait plaisir à la plupart des parents. Ce qui est mauvais signe. Très, très mauvais signe."

La construction du roman est très oulipienne puisque que chacun des personnages donne son point de vue sur cette soirée d'anniversaire jusqu'au chat observateur qui va jouer un rôle important.

Les problèmes de l'acceptation de l'autre tel qu'il est, de l'importance de ne pas s'arrêter aux apparences, de ne pas se laisser envahir par des préjugés dévastateurs, de ne pas imposer aux autres sa façon d'envisager le monde, transparaissent tout au long du livre. La citation d'Oscar Wilde placée en exergue donne le ton du livre : "L'égoïste n'est pas celui qui vit comme il lui plaît, c'est celui qui demande aux autres de vivre leur vie comme il lui plaît ; l'altruiste est celui qui laisse les autres vivre leur vie, sans intervenir."

Cindy l'amie de Teddy, l'oncle d'Aurélien, rencontre pour la première fois la famille de son amoureux. Elle est un peu surprise mais découvre beaucoup d'humanité dans cette famille, elle qui souvent n'est jugée que sur son apparence : Teddy m'a dit que son neveu était un garçon "brillant". Ses mères sont journaliste et photographe. Une intello et une artiste. Elles vont vite se rendre compte que je ne fais pas le poids. Je n'ai jamais dépassé la cinquième. J'espère que je vais leur plaire quand même. Il paraît que c'est mon problème d'ailleurs. Je veux plaire. J'aime plaire. Je ne vois pas vraiment où est le problème. Tout le monde aime plaire.

Cindy a eu du mal à apprendre à lire mais elle a découvert la passion de la lecture avec Le portrait de Dorian Gray, trouvé par hasard sur un banc.

L'humour est aussi au rendez-vous. Un très bon moment de lecture où les adolescents peuvent découvrir les différents thèmes qui les concernent dans cette période délicate où ils commencent à affirmer leur personnalité. Le double sens du titre avec le mot déclaration incite à entrer dans cet univers familial où l'amour est toujours présent même si parfois des points de vue contradictoires s'affrontent. C'est un roman qui nous renvoie tous à l'analyse de nos comportements : À force de ne discuter qu'avec des gens qui partagent le même point de vue que nous, à force de vivre enfermées dans notre bulle, Juliette et moi sommes devenues aussi intolérantes que les gens que nous critiquons.

Très fort moment de lecture qui mène à beaucoup d'échanges avec les adolescents.

Brigitte Aubonnet 
(11/04/12)